Ouverte au mois de novembre 2012 par le parquet d'Alger et confiée au pôle pénal spécialisé près le tribunal de Sidi M'hamed, l'affaire Sonatrach 2, relative aux marchés attribués à la compagnie pétrolière italienne ENI et sa filiale Saipem, connaît de nouveaux rebondissements. Selon des sources judiciaires, le juge a délivré plusieurs mandats de perquisition dans des domiciles d'une liste de personnes citées dans ce dossier. Parmi celles-ci, des cadres de Sonatrach, du ministère de l'Energie, mais aussi l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, dont la villa située sur la corniche oranaise a été fouillée. Nos interlocuteurs précisent qu'aucune des personnes concernées par ces perquisitions n'a été inculpée pour l'instant, mais elles ont toutes été destinataires de convocation par le juge. «Ces mesures entrent dans le cadre de l'instruction tel que clairement expliqué par le procureur général près la cour d'Alger dans son dernier communiqué daté du 7 mars dernier», précise notre source. Dans ce communiqué, faut-il le rappeler, le procureur général, Belkacem Zermati, avait déclaré que l'enquête judiciaire «connaîtra, sans nul doute, une cadence accélérée dès réception des résultats des commissions rogatoires internationales par le juge d'instruction et la convocation ou l'émission de mandats de justice à l'encontre de toute personne impliquée sera requise». Le dossier a trait à des délits «de corruption, trafic d'influence, abus de la fonction et blanchiment d'argent. Il relève au passage qu'en raison de l'origine des informations sur la base desquelles l'action publique fut mise en mouvement quant aux faits sus-cités, en l'occurrence les diverses commissions rogatoires internationales parvenues aux autorités judiciaires algériennes de la part de ses homologues étrangères (...), le juge d'instruction en charge du dossier devait, en premier lieu, s'assurer du bien-fondé de ces informations, de leur exactitude et de leur crédibilité». Coopération avec le tribunal de Milan Nos sources affirment : «En attendant le résultat de la coopération entre le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed et son homologue du tribunal milanais, l'instruction s'est accéléré. Il a indiqué qu'en parallèle, le juge a pris une série d'actes au niveau national en vue de collecter le maximum d'informations, d'indices et de preuves à travers le recours à des commissions rogatoires délivrées au service de la police judiciaire du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) auprès du ministère de la Défense nationale». C'est dans ce cadre que «les opérations de perquisition ont été effectuées lundi dernier au moins dans une dizaine de sites, notamment des domiciles et des bureaux des dirigeants de Saipem Algérie et de hauts cadres de Sonatrach et du ministère de l'Energie, dont la villa de l'ex-ministre Chakib Khelil». Pour nos interlocuteurs, il n'est pas question de rendre publique l'identité des personnes concernées. «Jusqu'à l'heure actuelle, nous sommes au stade de la collecte d'informations et de preuves. Leur identité sera divulguée dans le cas où le juge aura suffisamment d'éléments pour les inculper. Pour l'instant, nous n'en sommes pas à cette étape», révèlent nos sources. En tout état de cause, l'affaire Sonatrach 2 semble atteindre sa vitesse de croisière et risque d'aboutir à des arrestations de personnalités assez influentes. Certains craignent cependant de voir cette machine judiciaire qui s'ébranle réduire sa vitesse devant les grosses pointures, tapies dans l'ombre et qui font les beaux jours du système qui a engendré cette gangrène appelée corruption et dilapidation de deniers publics. La justice est de ce fait mise à rude épreuve et joue, quelque part, sa crédibilité et son impartialité consacrées par la Constitution.