Le Jardin d'Essais d'El Hamma se dégrade de jour en jour. Ce qui en reste comme végétation continue à lutter dans les dernières énergies, contre les avatars de la nature et du temps et des effets ravageurs humains à commencer par le pire : l'indifférence. Ronces, fougères, sachets, tessons et bouteilles en plastique continuent à disputer empan par empan l'espace à une flore riche et variée et qui était la raison d'être du jardin. Des feuilles desséchées traînent par terre quand les branches auxquelles elles sont suspendues ne peuvent plus les retenir, car en sempiternelle agonie. Ainsi, ce paysage hideux présente un contraste désolant qui agresse les yeux : un mouroir de la nature continue à témoigner malgré les vicissitudes du temps et les inepties humaines, d'un passé endémique phagocyté par un présent saprophyte et ravageur. Rencontré à ce sujet, le directeur de l'Agence nationale pour la protection de la nature (tutelle du jardin) Laïd Azzi, reconnaît que le site en question est en état de dégradation. « Il y a des espèces végétales volées, actes commis dans beaucoup de cas par des gens connaisseurs. Parmi ces espèces, il y a le bambou. Nous plantons des fleurs et deux jours après, elles sont arrachées. Les richesses du jardin sont convoitées et cela fait 35 ans que le site est exposé à la dégradation. Outre le facteur humain, contribuent à l'ampleur de ce fléau les maladies et le vieillissement naturel. Il y a des arbres qui vont périr dans dix ans si rien n'est fait jusque-là pour les préserver. Il y a des espaces qui servent à des intrus pour la capture des oiseaux. Nous avons recensé entre 400 et 600 espèces végétales disparues », explique le même responsable. Cela dit, faudrait-il se contenter d'assister inerte face à ces effets destructeurs ? Que faire pour le réhabiliter ? Le même interlocuteur indique : « Aucun sou du contribuable ne sera investi dans ce site tant que les conditions requises pour sa réhabilitation ne sont pas réunies. » Quelles sont les conditions requises ? « Il faut évacuer les 31 logements et la crèche qui se trouvent à l'intérieur du site. Même le siège de notre agence doit subir le même sort pour lui rendre sa vocation d'antan, à savoir un insertarium. Le ministre de l'Agriculture fait de la réhabilitation du site une de ses priorités. En plus, il faut doter ce jardin d'un statut afin de le classer patrimoine national et mondial. Comme il est nécessaire de lancer des études de réhabilitation et de restauration. Concernant ce volet, l'Office national des forêts (ONF) en France a bouclé une étude en conséquence. En matière de recherche et d'expertise, l'université de Pise (Italie) y a contribué. Ainsi que les responsables du jardin de Madrid. Le jardin est un site scientifique et non un lieu de détente pour le grand public », relève-t-il. Aux familles occupant les 31 logements à l'intérieur du jardin, il affirme que le ministre de l'Agriculture leur garantira « une solution ». D'autant qu'« il nous a donné des instructions quant à reprendre des essais sur les plantes industrielles », notamment les plantes tinctoriales (henné, indigo, garance, sumac carthane, postel), textiles, oléagineuse, alcoligèmes (asphodèles, canne à sucre, sorgho sucré). Et les plantes à parfum, à produits cireux ou gommeux, entre autres.