L'opération Serval, lancée le 11 janvier dernier, va, comme attendu, se prolonger dans le temps avec cependant un effectif réduit. Le gouvernement français devait officiellement obtenir, hier, pour la première fois au Parlement l'autorisation de prolonger l'opération militaire au Mali, qui doit se traduire par un allègement de sa présence à 1000 hommes à la fin de l'année, contre 4000 aujourd'hui. «La France doit aider le Mali à gagner la paix», a lancé le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, en demandant formellement aux députés l'autorisation de prolonger l'opération Serval lancée le 11 janvier, comme le prévoit la Constitution au bout de quatre mois d'une intervention militaire extérieure. Le débat a été avancé en raison des vacances parlementaires de printemps. Les députés devaient voter dans la soirée. «A la fin de l'année, un millier de soldats seulement seront présents sur place», a rappelé le Premier ministre, avec un retrait progressif passant par 2000 soldats français en juillet. Plus de 500 soldats français ont déjà quitté le Mali depuis le début du désengagement des forces françaises entamé en avril, a-t-on appris hier auprès de l'état-major des armées, juste avant ce débat parlementaire de pure forme. Cinq militaires sont morts au combat face aux groupes islamistes armés. «Les troupes africaines prennent le relais progressivement de nos forces» pour contrôler le nord du Mali, a espéré Jean-Marc Ayrault, précisant : «Nous conserverons des forces pré-positionnées dans les pays voisins pour intervenir si besoin.» Le Conseil de sécurité des Nations unies devrait autoriser «dans les tout prochains jours» une résolution permettant la transformation de la force africaine au Mali, la Misma, en mission de stabilisation de l'ONU, qui pourra alors prendre le relais des forces françaises, a-t-il souligné. «Il est essentiel que l'élection présidentielle au Mali puisse se tenir comme prévu en juillet prochain», a insisté M. Ayrault invitant le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) à rendre les armes. L'UMP apporte sa caution Apportant son soutien au gouvernement, le patron des députés socialistes, Bruno Le Roux, a demandé «une prise en compte spécifique» des dépenses de l'opération Serval pour qu'elles pèsent moins dans le budget de la Nation. Serval avait coûté à la France 100 millions d'euros fin février, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. L'opposition de droite, l'UMP, a aussi voté en faveur du prolongement de l'opération, rare moment d'unanimité politique en France, alors que le débat sur le mariage gay divise la société. L'orateur UMP, Pierre Lellouche, ancien ministre des Affaires européennes, a sévèrement déploré l'absence de l'Union européenne aux côtés de la France au Mali, demandant que les autres pays européens participent à l'effort financier. Même soutien et mêmes réserves de l'ancien ministre centriste de la Défense, Hervé Morin : «L'Europe a montré une fois de plus son incapacité à avoir un rôle militaire et donc politique.» «Ceux qui voudraient nous faire croire à un retrait massif et rapide de l'armée française nous racontent des histoires. Les forces africaines de la Misma ne sont pas prêtes à prendre le relais, si tant est qu'elles le soient un jour», a-t-il ajouté, rappelant un précédent historique : «Nous sommes arrivés au Tchad en 1984. Nous y sommes toujours.»