Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a présenté, hier à Alger, son avant-projet de Constitution. Il a été rendu public à l'occasion de la tenue de la session ordinaire du conseil national du parti. Les membres de cette instance en débattront pour enrichir le texte. Des rencontres régionales seront organisées pour élaborer une mouture définitive. L'avant-projet de Constitution a été rédigé par une commission de réflexion du RCD. «Chacun de nous pourra donner son avis», a indiqué Mohcine Belabbas, président du RCD. L'avant-projet réitère les positions du parti. «Le politique doit primer sur le militaire, comme stipulé dans la Charte de la Soummam», a affirmé, pour sa part, Hakem Saheb, secrétaire national à la réforme de l'Etat. Selon le texte présenté par le RCD, «depuis l'indépendance, l'Algérie a vécu sous 8 Constitutions. Cette multitude témoigne des intrusions des intérêts de groupes dominants dans la conception des référents constitutionnels du pays». «Eternel recommencement, et pour la 9e fois, des contraintes de pouvoir acculent les dirigeants à une autre réforme de la Constitution par des méthodes et pour des objectifs qui sont à l'origine d'une indépendance confisquée. Confiés à une commission sans prérogative, les amendements restent confidentiels et leur substitution dépendra exclusivement du bon vouloir du chef de l'Etat. Mais au-delà de la procédure, toujours dominée par l'opacité et les luttes de clans, cette opération interpelle autant la classe politique que l'ensemble des citoyens algériens, car elle dévoie, une fois de plus, un dossier essentiel à la renaissance algérienne», observe le RCD dans l'avant-propos du texte. Le RCD estime que l'actuelle Constitution algérienne est «une pâle copie de la Constitution française, matinée de centralisme démocratique». «Notre génération ne doit ni copier ni d'ailleurs ignorer, par principe, les chemins empruntés par d'autres. Mais avant de regarder ailleurs, il nous revient de revisiter notre histoire pour découvrir les stratégies élaborées, les méthodes mises en œuvre et les cadres construits par nos populations pour affronter et surmonter les épreuves (…) Le complexe du colonisé qui a aliéné l'élaboration des concepts fondateurs de l'Algérie indépendante doit être définitivement évacué. Il est à l'origine du divorce de la société et de l'Etat et, partant, de la crise qui meurtrit la société et paralyse la nation», souligne le RCD. Le parti de Bellabas juge qu'«en Algérie, le problème n'est pas seulement dans la nature des textes, quelle que soit leur prééminence, il est aussi dans l'effectivité de leur application dans un système politique qui a accaparé le pouvoir par la violence au premier jour de l'indépendance». Dans le même texte, le RCD considère que «l'omnipotence et l'hégémonie de la fonction présidentielle au détriment des autres pouvoirs sont la cause essentielle du dysfonctionnement institutionnel avec une incidence éminemment préjudiciable sur la gestion des affaires publiques». L'avant-projet de Constitution du RCD est favorable à la limitation des mandats présidentiels. «Le président de la République est rééligible une seule fois pour un mandat de 5 ans.» «La limitation du nombre de mandats constitue un véritable antidote aux réélections systématiques, aux dérives du despotisme et de la Présidence à vie et favorise corrélativement une compétition politique ouverte et saine», explique le RCD.