«La violence en milieu scolaire est en progression et prolonge une violence sociale croissante», estiment les spécialistes. Depuis la rentrée 2012, quelque 3000 cas de violence en milieu scolaire ont été enregistrés en Algérie. C'est ce qu'a indiqué Dr Mahmoud Boudarène, psychiatre, à l'ouverture du séminaire sur la lutte contre les violences en milieu éducatif, organisé dimanche dernier à la maison de la culture Mouloud Mammeri par la direction de l'éducation en collaboration avec celle de la santé. Se référant au rapport publié début avril par le Conseil des lycées d'Algérie, le même intervenant rappellera que «la violence à l'école est la conséquence d'un processus, d'une politique, d'un système dont les acteurs assument tous une part de responsabilité». Selon lui, la violence dans les établissements scolaires a atteint un seuil inquiétant, d'où l'appel du CLA à une journée de grève pour le 22 février dernier pour dénoncer l'inaction du ministère de l'éducation nationale face à la violence à l'école. Evoquant l'expérience française en la matière, ce spécialiste de la santé mentale a relevé : «En France, depuis deux décennies, la violence dans les établissements scolaires est devenue une question de société. Les actes de violence scolaire sont répertoriés, un observatoire les analyse et des plans antiviolence ont été mis en œuvre». Qu'en est t-il en Algérie? Pour Dr Boudarène, la violence scolaire dans notre pays est un phénomène qui n'est pas nouveau et qui est en relation avec la violence des jeunes en général. Le conférencier répertorie deux catégories de violence chez l'élève: une «violence ordinaire», connue, qui a toujours existé (élèves agressifs et violents) et une «violence essentielle», insensée, sans explication et sans motif apparent. Un phénomène inquiétant, dit-il, parce qu'en progression et qui prolonge la violence sociale croissante. Parmi les raisons à l'origine de la violence scolaire citées par Dr Boudarène, les problèmes individuels de l'élève, les problèmes familiaux, les difficultés psychologiques, la surcharge des programmes scolaires, un encadrement insuffisant et incompétent et des formations inadaptées. La violence de l'enseignant a été également pointée du doigt par ce psychiatre, qui dira : «Cela a toujours existé. Exercice de la discipline à l'école, châtiment corporel, toléré et quelques fois exagéré, violence arbitraire, agressivité mal contenue, enseignant en grave difficulté psychologique, maladie mentale, perversité..». Dans son intervention, le représentant de la Sûreté de wilaya de Tizi Ouzou a estimé que la prévention est la meilleure façon de combattre ce fléau. Aussi, «les cas graves de violence en milieu scolaire doivent être signalés aux services de police. Les directeurs d'écoles doivent communiquer avec nous pour une meilleure collaboration», dira l'officier de police. Dans une allocution prononcée à l'ouverture du séminaire, le représentant du ministère de l'éducation nationale a plaidé pour le renforcement de la sécurité au sein des établissements scolaires, la conjugaison des efforts de tous les acteurs concernés par ces pratiques pour mettre en place une action de lutte commune et construire une politique de prévention adéquate. adéquate.