Le suicide des trois enfants âgé de 11 et 12 ans, dans la wilaya de Tizi Ouzou, en l'espace de 48 heures, a remis sur table le manque d'infrastructures sanitaires, en particulier psychologiques au niveau des établissements scolaires. Le suicide est un acte commis par une seule personne, mais la responsabilité est partagée entre les proches, l'école, la société et les médias, estime le docteur Mustapha Bouzidi, psychiatre de l'enfant et de l'adolescent et enseignant à l'université de Tizi Ouzou. Pour lui, on ne peut parler de coupable lorsqu'il s'agit d'un suicide, mais de «responsabilités au pluriel». Mieux vaut prévenir que guérir. Et la prévention est l'affaire de tous, insiste le psychiatre. «Aujourd'hui, l'enfant est ‘‘confié'' à la télévision, internet et les jeux électroniques, sources de violence. Les parents doivent surveiller leurs enfants et les faire suivre chez un psychologue s'ils jugent leur cas compliqué. L'école également doit mettre du sien et se doter d'équipes pluridisciplinaires pour assurer un suivi psychologique des enfants en difficulté», conseille Dr Bouzidi. Cet évènement tragique n'est pas un cas isolé ni une nouveauté. «Le suicide d'adulte semble ne pas susciter l'intérêt des concernés, à savoir les spécialistes et professionnels de la santé, pour effectuer des études approfondies et des statistiques afin de déceler les raisons et les solutions de ce phénomène. Encore moins le suicide d'enfants qui prend de l'ampleur et qui, faut-il le préciser, n'est pas propre à Tizi Ouzou», affirme le psychiatre. La difficulté de recenser les cas de suicide d'enfants revient, selon Mahmoud Boudarene, psychiatre dans la même wilaya, aux procédés entrepris par les enfants suicidaires. «Généralement, les accidents de voiture ou les chutes sont considérés comme des accidents alors qu'en réalité, certains sont l'œuvre de la victime elle-même. Un enfant peut se jeter sur une voiture ou dans un puits pour mettre fin à ses jours. Mais dans les trois derniers cas, le suicide a vite été avéré grâce au procédé peu habituel chez l'enfant, qui est la pendaison», explique Dr Boudarene. Par ailleurs, nos deux interlocuteurs s'accordent à dire que les hypothèses avancées jusque-là, quant aux raisons de ces actes fatals, expliquent ce geste par l'échec scolaire. Or, ce dernier ne peut être le seul facteur, car une goutte ne fait déborder qu'un vase déjà plein.