Les pouvoirs publics, inquiets de la montée des violences dans les établissements scolaires, prévoient tout un arsenal juridique. Toutefois ces mesures semblent être trop simplistes et le remède à ce fléau, aux causes profondes, est à chercher ailleurs. Aussi bien dans le parcours individuel que dans l'environnement social. C'est ce qu'a annoncé Aboubakr Benbouzid, ministre de l'Education nationale, hier, lors de l'ouverture d'une journée d'étude nationale sur la prévention de la violence en milieu scolaire. Ayant pour objectif de veiller sur la sécurité des élèves et les prévenir de la violence, cette mesure a été prise, déclare-t-il, en collaboration avec le département de la Solidarité nationale et celui du Travail et de la Sécurité sociale. Outre cette décision louable qui permettra, sans doute, l'instauration d'un climat de quiétude pour les écoliers, le département de Benbouzid prévoit l'élaboration d'un décret exécutif contre la violence dans les écoles qui sera soumis au Secrétariat général du gouvernement (SGG), une fois ce dernier ficelé et enrichi par les experts du domaine de l'éducation. D'ailleurs, le séminaire d'hier, animé par des spécialistes en pédagogie et psychologie, doit déboucher sur des recommandations qui aideront, affirme le ministre, la communauté éducative à apporter «une réponse rapide, complète et systématique aux actes de violence» en intervenant à tous les niveaux du problème. Ainsi, tous les concernés (éducateurs, parents d'élèves, administration) doivent, poursuit-il, apprendre à avoir les mêmes références, le même vocabulaire pour qualifier les actes répréhensibles. Par ailleurs, le premier responsable de l'Education nationale a tenu à rappeler, lors de son allocution, un certain nombre de dispositions et d'actions prises par le MEN pour prévenir ce phénomène notamment l'interdiction par des dispositions législatives et réglementaires, des châtiments corporels ainsi que des insultes, brimades et humiliations et prise de sanctions administratives, pouvant aller jusqu'à la radiation, à l'encontre de tous les contrevenants et qui peuvent même faire l'objet de poursuite judiciaire ; la mise en place d'une commission de lutte contre la violence et les fléaux dans les établissements scolaires, et l'organisation de campagnes de sensibilisation et de prévention à travers la diffusion de dépliants d'affiches et de spots publicitaires contre les dangers de la drogue et du tabac et la prévention contre le sida ainsi que la violence. Le conférencier a indiqué que la première constatation à faire des informations recueillies par les services de son département (MEN), est que l'élève est tantôt victime tantôt auteur de faits de violence et que l'adulte qu'est l'enseignant ou l'agent administratif peut, lui aussi, se retrouver dans la situation de victime. Quant au lieu de déroulement de ces faits, l'orateur fera savoir que c' est le plus souvent la classe ou la cour de récréation ainsi que les abords immédiats de certains établissements où règnent l'insécurité et la violence. «L'école subit la violence» n Le ministre de l'Education a indiqué que la violence qui règne dans les écoles a pour origine l'environnement, qui est devenu violent à cause de la décennie noire. Du fait, l'école ne fait que subir les retombées de cet environnement. Dans cet ordre d'idées, le sociologue Hakiki Nouredine, directeur du Laboratoire du changement social de l'université de Bouzaréah, fera savoir, dans son intervention, que la violence dans les écoles est due essentiellement aux «changements des rôles sociaux» au sein de notre société. Autrement dit, «les parents n'ont plus d'autorité sur leurs enfants», explique-t-il.