Le Conseil de sécurité des Nations unies a ouvert, hier, un débat devenu régulier depuis 1991, puisqu'il s'agit d'examiner l'application du plan de paix onusien. mais, cette fois-ci, il ne s'agit pas d'une simple routine qui consiste en une simple formalité, celle de proroger le mandat de la Minurso (mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara-occidental). En réalité, le débat autour du rapport soumis en cette occasion, par le secrétaire général de l'ONU, est d'une extrême importance, même si a priori il n'est pas le premier du genre, puisque d'autres tendant à faire une autre lecture du plan de paix, et de faire endosser des thèses qui lui sont diamétralement opposées, ont eu lieu, et ont tous été mis en échec. C'est d'ailleurs ce qui explique les discussions actuelles tenues avant cet examen entamé hier et qui doit se clôturer vendredi, avec quarante-huit heures d'avance sur la fin du mandat de la Minurso, en raison probablement du long week-end du 1er mai. Mais en tout état de cause, la situation actuelle interpelle l'ensemble de la communauté internationale. Le constat qu'en dresse Kofi Annan en est révélateur. Citant les conclusions de son envoyé personnel, le diplomate néerlandais Peter van Walsum, il a déclaré que « le Maroc avait réitéré qu'il n'accepterait de référendum incluant l'option de l'indépendance. Il a préconisé la tenue de négociations (qui) porteraient sur l'autonomie du Sahara-occidental ». Ce que refuse fermement le Front Polisario, l'autre partie au conflit. Revenant sur les conclusions qu'il lui avait soumises le 18 janvier dernier, il relève que « tout nouveau plan serait rejeté par le Maroc », mais devait-il ajouter, l'ONU « ne pouvait pas s'associer à un plan excluant un référendum véritable, tout en prétendant assurer l'autodétermination du peuple du Sahara-occidental. » Le constat, relève-t-on, rapporte une continuité, celle pour l'ONU de soutenir le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, mais aussi une évidence, c'est-à-dire le blocage marocain que l'organisation tente de contourner au lieu de chercher à obliger Rabat à se soumettre aux engagements auxquels il a souscrit, comme ce plan de paix, et ce qu'on appellera plus tard les accords de Houston tendant justement à relancer l'application de ce même plan de paix. Dans ses recommandations, Kofi Annan cite les conclusions de son envoyé personnel qui, a-t-il dit, « a instamment prié le Conseil de sécurité de demander à l'Algérie de participer aux négociations » qu'il préconise parmi ses recommandations à l'instance onusienne. Et ce n'est pas tout, et c'est justement ce qui a suscité l'opposition du Front Polisario et la colère de l'Algérie, les négociations directes auxquelles il appelle ont pour objectif de « trouver un compromis entre la légalité internationale et la réalité politique susceptible de se traduire par une solution juste, durable et mutuellement acceptable, assurant l'autodétermination du peuple sahraoui ». C'est quoi cette réalité politique à laquelle fait référence Kofi Annan, si c'est celle de l'occupation ? L'ONU pourtant avait refusé de reconnaître au Maroc le statut de puissance administrante, et elle a toujours, en réalité depuis les années 1960, traité la question du Sahara-occidental sous l'angle de la décolonisation. En parler autrement, c'est opérer un recul qui ne pourrait être assimilé qu'à un déni de justice et une prime à l'injustice. Le Front Polisario a déjà dit non à de telles recommandations qu'il a qualifiées de trahison, tandis que l'Algérie, qui met en garde contre ce qu'elle qualifie de dérive, a fait savoir qu'il est hors de question pour elle de se substituer aux représentants du peuple sahraoui, et qu'en tout état de cause, elle ne renoncera jamais à son soutien au droit de ce peuple à l'autodétermination. Dans sa lettre au Conseil de sécurité, elle a mis les choses au clair, alors qu'elles le sont suffisamment pour la simple raison que les résolutions du Conseil de sécurité stipulent toutes que seul le peuple sahraoui peut décider du statut du Sahara-occidental, puisque, selon le plan de paix des Nations unies, il lui revient de voter l'indépendance ou le rattachement au Maroc. Dans ces conditions, ne manque-t-on pas de relever, et si négociation il doit y en avoir, celle-ci ne pourra porter que sur les modalités d'application de ce plan, comme le retour des réfugiés, le déminage, le cantonnement des forces et de l'administration marocaine, etc.