Il est question à l'heure actuelle de mettre en place un dispositif permettant de réaliser des greffes rénales à partir de cadavres. Un million et demi de personnes souffrent de maladies rénales en Algérie, dont 10 000 insuffisants rénaux. Ces derniers sont obligés de se soumettre à d'éprouvantes séances d'hémodialyse, et ce, au rythme de deux à trois par semaine, selon diverses sources concordantes, qui soulignent, en outre, la facture extrêmement lourde supportée par les caisses de sécurité sociale. A noter que les 360 centres d'hémodialyse disséminés à travers le pays sont presque tous conventionnés avec la CNAS, ce qui donne une idée des sommes colossales dégagées pour faire face aux prestations des structures d'hémodialyse. Rappelons, dans ce même contexte, que la première greffe réalisée au niveau de la clinique rénale de la cité Daksi remonte à 2006, année durant laquelle 7 greffes avaient été réalisées sur des donneurs vivants. Depuis, les transplantations ont connu un parcours en dents de scie et particulièrement durant l'année 2012 qui enregistrera son plus faible taux d'interventions avec au compteur de la clinique rénale Daksi, 4 greffes, nous révèle le Pr. Abderrezak Dahdouh, dont l'objectif pour 2013 est d'effectuer une douzaine de greffes sur donneurs vivants. Sur ce point, ce dernier met en avant plusieurs facteurs pouvant expliquer cette fluctuation: «Le premier est lié à la grande rareté des couples donneurs receveurs, d'où la nécessité de renforcer chez nous la culture du don d'organes. Le second concerne le clivage qui prévalait par le passé entre les différents acteurs visés par les textes de loi. De ce fait, l'urgence est aujourd'hui de bien huiler les rouages du dispositif et nous permettre enfin de réaliser des greffes rénales à partir de cadavres.» Concernant ce volet, l'on semble croire que les blocages sont d'ordre religieux ou lié à des tabous. Ce qui est faux, selon notre interlocuteur. «La problématique est d'un autre ordre. C'est une affaire interministérielle où les affaires religieuses, la Gendarmerie nationale, la justice, les APC et plus globalement le ministère de l'Intérieur s'agissant du versant impliquant le transport médicalisé du ou des organes prélevés en cas d'accident ou de mort encéphalique. Au centre de tout ce dispositif figure l'agence nationale de greffe dont le siège se trouve à Alger», explique notre interlocuteur. Pour ce dernier, la tâche n'est pas aisée pour cette nouvelle organisation qui doit à présent se montrer dynamique et efficace afin que tous les rouages mis place jouent convenablement leur rôle. D'autant que toutes les bases législatives existent. «Par contre, il reste à mettre en place les textes d'application indispensables pour bien organiser tous les rouages de ce dispositif dont les retombées seront largement bénéfiques pour les malades en attente d'une greffe rénale. Il faut dire à ce propos que les prélèvements à partir de cadavres nous permettront de doubler, voire tripler le nombre de greffes. Ce qui est loin d'être négligeable», conclut-il.