La région qui possède un potentiel agropastoral indéniable et des ressources hydriques, a besoin d'investissements dans ces domaines. Djazia est une commune que le voyageur peut rejoindre à partir de trois routes nationales. La première possibilité est la RN10, à partir du carrefour de Rehia. On y accède aussi par la RN 88 qui part de Khenchela et finit dans la wilaya de Tébessa, en passant par Dhalaâ et Meskiana. Il faut bifurquer à partir du carrefour de la plaine du Z'Bar. Enfin, on peut rallier Djazia à partir de la RN80, reliant Khenchela à Aïn Beïda. Pour nous y rendre, nous avons opté pour la première : la route N10. Depuis le carrefour de Rehia, il faut compter une douzaine de kilomètres. Un tronçon de route en bon état, signe qu'il a été nouvellement retapé. Le village de Djazia apparaît, minuscule. Néanmoins, l'oeil du visiteur est attiré par de nouvelles constructions, des logements sociaux érigés dans cette partie de la localité. Le collège inauguré il y a quatre ans, domine la bourgade du haut de ses deux étages. La grande rue est bordée de jeunes arbres. Peu de gens y passent. Devant le siège de l'APC, des citoyens s'échangent des salutations. Tous viennent pour retirer des papiers nécessaires à la constitution de dossiers administratifs. Un calme olympien plane sur les lieux. Djazia qui a souffert longtemps des affres du terrorisme tente, tant bien que mal, d'effacer ses blessures et de se relever. Les chantiers de construction constituent, malgré tout, une bouée de sauvetage pour cette commune enclavée et sans ressources. Et ce sont immanquablement les jeunes qui en pâtissent le plus. «Après les études, nombre de jeunes jettent leur dévolu sur une carrière militaire. C'est pourquoi, il y a peu de gens dans les rues de cette paisible localité», nous confie un citoyen. Que faire pour pallier l'enclavement et l'absence de perspective? Le P/APC, R. Makhloufi, reconnaît que sa commune manque de beaucoup de choses. Et d'expliquer : «Djazia s'étend sur une superficie de 19 000 ha (dont la moitié est occupée par la forêt) avec une population qui avoisine les 5 000 âmes, dont seulement 1300 habitent dans le centre, le reste est éparpillé sur onze mechtas. Ce qui nous préoccupe beaucoup c'est l'absence d'investissements dans le secteur agricole, en dépit du fait que la région a une vocation agro-pastorale. Pour la mettre sur les rails il faut des investissements.» Selon lui, seule l'agriculture intensive et industrielle peut relancer la machine économique. La culture sous serre s'avère avantageuse pour peu que des fellahs versés dans le maraîchage bénéficient de crédits dans ce sens. Il existe une centaine d'éleveurs avicoles mais qui ne disposent pas d'un abattoir sur le territoire de la commune. Ce serait une bonne chose d'en construire un, car cela génèrerait des d'emplois. Préservation de la richesse sylvestre Dans ce cadre, le maire invite les investisseurs à participer à faire émerger cette jeune commune qui dispose d'atouts considérables aussi bien dans l'agriculture que dans l'élevage, -bovin et ovin-, que dans d'autres secteurs, comme par exemple l'eau de source, qui gagnerait à être exploitée. Sur un autre plan, les autorités locales font, depuis quelque temps, face à un grand problème : l'absence de terrain d'assiette pour l'implantation des 120 logements ruraux dont a bénéficié la commune. Les terres choisies, bien qu'incultes, appartiennent à des exploitations agricoles collectives (EAC), et leurs exploitants y refusent l'érection de logements. Pourtant d'autres terrains leur sont proposés en échange. Le secteur de la santé n'est pas mieux loti, avec seulement deux salles de soins dépourvues de l'essentiel. L'équipement médical y est insignifiant, et les personnels paramédical et médical sont trop insuffisants pour assurer une réelle couverture sanitaire de la population du village et de celle des zones rurales éparses. Par contre, le secteur de l'éducation est mieux pris en charge avec un collège et plusieurs écoles primaires, en attendant la construction prochaine d'un lycée, ce qui mettra fin aux perpétuels déplacements des élèves vers Meskiana ou Dhalaâ, qui font aussi face à l'insuffisance du transport scolaire. Avec cinq minibus, dont deux en panne, la commune peine à satisfaire les besoins des nombreux écoliers qui habitent dans les zones éparses. Lors de notre récente visite, nous avons constaté la présence d'une entreprise qui effectuait des travaux d'adduction d'eau vers Djazia ouest, à partir de plusieurs forages, au profit de 50 foyers. Le coût de l'opération est, nous révèle-t-on, de 70 millions de dinars. Demeure un problème majeur auquel est confronté sans rémission la commune de Djazia: la déforestation à cause de la fabrication illégale de charbon de bois. Cet état de fait a conduit les autorités de wilaya à mettre en œuvre un plan pour la préservation de la richesse sylvestre, dont des campagnes de sensibilisation en direction des habitants.