Le docteur Madjoudj pratique la chirurgie plastique et esthétique depuis 1993. Ses nombreux travaux, notamment sur les spina-bifidas, les malformations cranio-faciales et les rhinoplasties ont suscité l'intérêt de la communauté médicale de par le monde. Le docteur Madjoudj revient, dans cet entretien, sur la chirurgie plastique en Algérie. Il soulève le problème du manque flagrant de réglementation qui doit régir cette spécialité. -Quel a été le parcours de votre formation ? J'ai fait ma formation à l'Ecole algérienne de médecine et j'en tire une grande fierté. Après un diplôme de chirurgie générale en 1982, j'ai, d'emblée, opté pour la pratique libérale tout en continuant à garder le contact avec le secteur public. Je me suis installé en 1983 à Bordj Menaïel, qui était une petite ville rurale et je garde un très bon souvenir de cette époque. Durant cette période, j'ai mis en place le service de chirurgie de l'hôpital de Dellys. -De Bordj Menaïel à la chirurgie esthétique, comment vous est venue l'idée de choisir cette discipline ? En fait, c'est de chirurgie plastique qu'il s'agit. Pour rappel, la chirurgie plastique est une spécialité chirurgicale qui a pour but de réparer ou de remodeler la forme du corps humain. La chirurgie esthétique n'est qu'une sous-spécialité de celle-ci, tout comme la chirurgie réparatrice, chirurgie de la main, chirurgie crânio-faciale, la chirurgie des brûlés… Pour répondre à votre question, je le dois grandement au professeur Benhamla, un grand humaniste, qui, avec le professeur Bouhayad, avaient créé le premier centre des brûlés en Algérie. Il m'intéressa à cette discipline toute nouvelle à l'époque. Il me recommanda au professeur Baux, chef de service de chirurgie plastique, esthétique et réparatrice de l'hôpital Rothschild à Paris, où je fis mes classes. J'ai poursuivi ma formation en chirurgie plastique esthétique en Amérique du Nord, pendant 2 ans. -Comment êtes-vous arrivé à la Société américaine de chirurgie plastique ? Tout d'abord, je tiens à vous dire que c'est un grand honneur pour la chirurgie plastique algérienne et pour moi. A mon sens, nous sommes seulement deux chirurgiens dans tout le Maghreb à avoir obtenu cette distinction. -Quels sont les critères d'admission ? Les critères d'accès sont très draconiens. Ils se fondent sur la réputation du médecin et surtout sur la qualité des travaux et recherches ayant contribué à l'avancement de la chirurgie plastique. -Pouvez-vous nous citer vos contributions à la chirurgie plastique ? Dans les grands spina-bifida, la fermeture cutanée est difficile. Elle requiert la présence d'un chirurgien plasticien et des techniques chirurgicales sophistiquées. En collaboration avec les services de neurochirurgie du CHU de Blida et de Bab El Oued , j'ai mis au point une technique de fermeture qui peut être pratiquée par tout neurochirurgien et en tout milieu chirurgical. Cette technique présente de nombreux avantages, elle réduit de façon drastique la morbidité (complication postopératoire) et la durée d'hospitalisation, qui était parfois de plusieurs mois à moins d'une semaine. En chirurgie réparatrice, j'ai développé des techniques de rhinoplasties post-traumatiques simples et qui donnent des résultats très satisfaisants. Pour certaines affections faciales graves, j'ai mis au point un procédé simple et efficace de lipoffiling qui permet de se substituer à des interventions lourdes et coûteuses.Vous pouvez trouver toutes les présentations de mes travaux sur le site : www.chirurgieesthetiquealgerie.com -Quelle est la situation de la chirurgie esthétique dans notre pays ? En l'absence de cadre réglementaire, beaucoup de confrères, sans compétences en chirurgie plastique, se sont engouffrés dans le domaine avec les conséquences que vous devinez. C'est regrettable, car étant une chirurgie de confort et non une chirurgie de nécessité, l'exigence de technicité et de sécurité pour le patient doit être supérieure, mais c'est rarement le cas. Du coup cette discipline pâtit d'une mauvaise image auprès du grand public. Il est urgent de réglementer l'accès à la profession, et ce dans l'intérêt du patient algérien -Votre dernière intervention, dans nos colonnes sur les associations médicales en Algérie, a soulevé une polémique... J'en ai aussi eu des échos. Et je m'en félicite. Mon objectif premier était d'ouvrir un débat. Il est impératif de casser les barrières entre le secteur privé et public, les deux secteurs peuvent et doivent collaborer dans l'intérêt du patient algérien.