On y est toujours, la misère des uns fait le bonheur des malfaiteurs. Ils sont bien loin ces temps où l'habitant du bidonville, pitoyable et sans ressources attendait un hypothétique relogement suivi d'une destruction de son logis de fortune. A Souk Ahras, l'heure est aux transactions tous azimuts, et les squatteurs des terrains communaux, dans leur majorité introduits dans les circuits officiels, s'organisent autour d'un marché juteux. A quelques encablures de l'entreprise des peintures, un bidonville né seulement en 2008, va en extension jusqu'aux confins de la nouvelle cité administrative. Après dérobades et tergiversations justifiées par son statut, un responsable a tout déballé : «Je suis persuadé, comme vous, que le problème des bidonvilles à Souk Ahras est régi par un circuit qui se détache et se recompose au gré des humeurs des responsables mais aussi de leur fermeté (…) ; une campagne mal gérée encourage les cas de récidive et appelle d'autres à emboîter le pas à celui qui décroche un appartement gratuitement, sans étude minutieuse de la part d'une commission d'attribution qui, elle, achève bien les authentiques postulants.» La dernière attribution des 975 unités a révélé toutes les carences existantes dans ledit circuit. Des milliers de recours ont été adressés à la commission chargée de leurs études. Il y est fait état de personnes opulentes inscrites sur la liste d'autres gens habitant des bidonvilles pour contourner la commission des recours. Des indiscrétions font toujours état de numéros d'inscription de complaisance délivrés à des proches et autres personnes recommandées ou peu frugales s'agissant du paiement du précieux document. Ils sont des dizaines d'attributaires aux cités Yahia Benramdane, Bendada, Diar Ezzerga et autres à avoir connu leur immeuble avant l'affichage des listes officielles. A la cité Ibn Rochd les baraques ont été cédées à 200 000 DA à quelques jours seulement de l'installation de la commission d'étude des dossiers. Depuis le temps des centaines de nouvelles baraques ont poussé comme des champignons à Rebbahi Nouar, Baoulou, Ahmed Loulou, voire en milieu rural, notamment à Aïn Seynour dans la commune de Mechroha et dans les forêts. Il y a quelques mois les maires ont été sommés par le premier responsable de l'exécutif d'appliquer les textes. Prêche dans le désert. L'avancée des bidonvilles continue, le prix de la sous-traitance fait des émules et le nombre des baraques est à 20000 pour le seul chef-lieu de la wilaya.