- Atlas TV, dont vous êtes le fondateur, sera-t-elle la chaîne du Parti patriotique libre (PPL) que vous présidez ? Absolument pas. Il s'agit d'une chaîne généraliste, basée à Londres, qui diffusera des programmes 24h/24, essentiellement en langue arabe dans un premier temps, puis en français, car nous projetons de nous installer sur Hotbird pour toucher les Algériens de l'étranger.
- Difficile de croire que Atlas TV ne sera pas utilisée à des fins partisanes…
Les téléspectateurs jugeront de notre sincérité à ne pas faire de cette nouvelle chaîne le porte-voix de notre parti. Nous voulons au contraire permettre au plus grand nombre de pouvoir exposer ses idées politiques. En tant que patron de parti, j'ai été confronté à l'ostracisme qui règne dans les médias algériens pour ne pas à mon tour le faire subir aux autres formations politiques. Prenez l'exemple de la chaîne tunisienne Nessma TV, dont le principal bailleur de fonds est Tarek Ben Amar. Une personnalité active sur la scène politique dont l'activisme n'a en rien modifié l'image de Nessma, ni eu d'incidence sur son contenu éditorial.
- Quel sera votre rôle au sein de Atlas TV ?
Je n'en serai pas le gestionnaire. Disons que j'en suis le parrain. Mon rôle : établir la ligne éditoriale.
- L'homme d'affaires Hichem Bouallouche est-il le principal bailleur de fonds de la chaîne ?
Hichem Bouallouche est un ami et un militant du parti qui adhère aux idées que nous défendons. Il a accepté de financer le projet.
- Quand est prévu le lancement de Atlas TV ?
Le lancement est prévu début juin.
- Comment Atlas TV va-t-elle se différencier des autres chaînes ?
Il n'existe à mon avis qu'une seule chaîne généraliste, Echourrouk TV. Les autres sont des chaînes thématiques. Nous proposerons une grille cohérente, avec des productions nationales axées essentiellement autour de débats politiques et d'émissions spécialisées. Il y aura aussi des talk-shows et des divertissements. Par ailleurs, nous avons acquis des séries sur le marché international.
- Avec un marché publicitaire que certains évaluent à 150 millions d'euros, ne craignez-vous pas que certaines chaînes de télé soient condamnées à disparaître ?
Je pense surtout que les chaînes n'ont pas pu, pour le moment, capter cette manne financière. En raison du statut des télés et du vide juridique qui entoure leur existence légale en Algérie, les chaînes de télévision doivent affronter la frilosité des annonceurs qui préfèrent attendre. Je reste convaincu que le marché publicitaire va se développer et s'accroître en Algérie dès que l'incertitude qui règne actuellement autour de ces chaînes sera levée par l'Etat. Par ailleurs, il est essentiel de régler l'épineux problème de la publicité publique, entre les mains de l'ANEP. Il faut que ce monopole soit revu, car il pénalise certaines chaînes et en favorise d'autres. Nous voulons faire entendre un autre son de cloche sur Atlas TV. Ouvrir l'antenne à des débatteurs qu'on n'a pas l'habitude d'inviter sur les plateaux de télé ni de lire dans les journaux. En Algérie, d'autres hommes politiques ont des idées, il n'y a pas que Louisa Hanoune qui a des choses à dire. Votre proximité avec l'ancien candidat à la présidentielle, Ali Benflis, fait dire à certains que Atlas TV soutiendra sa candidature en 2014… Ce rapprochement entre l'ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle de 2004 et la chaîne Atlas TV est dénué de tout fondement. Les gens font l'amalgame entre mes relations personnelles et ma position au sein de la chaîne de télévision. J'ai soutenu sa candidature et je n'hésiterai jamais à être à ses côtés, à tout moment. Mais pour autant, Atlas TV ne sera pas la chaîne de Ali Benflis ni d'aucune autre personnalité politique. Car nous voulons bâtir une chaîne de télévision sur des valeurs de professionnalisme et de respectabilité.