La compagnie nationale des hydrocarbures s'est vu déboutée par la Chambre de commerce internationale dans le contentieux l'opposant à l'italien Edison. Les effets de la crise qui continuent à gripper les économies européennes commencent à avoir raison des prix du gaz, après l'arbitrage, rendu récemment par la Chambre de commerce internationale, en faveur de l'italien Edison, dans le contentieux l'opposant au groupe Sonatrach. La compagnie nationale des hydrocarbures s'est en effet vue déboutée par ladite instance d'arbitrage, en vertu d'une clause dite de bouleversement, prévue dans le contrat de vente de gaz la liant à l'italien Edison, filiale du groupe français EDF. La clause en question prévoit clairement de possibles révisions à la baisse des prix du gaz en cas de changement des conditions économiques, ce qui est aujourd'hui le cas en Europe, où les perspectives de reprise restent encore mornes. «Difficile» pour l'Algérie de préserver les prix du gaz en situation de crise économique qui affecte aussi bien la demande que les prix, se résigne ainsi le PDG du groupe Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, cité hier par l'APS. «Notre marge de manœuvre, explique-t-il, est difficile, car il n'y a pas de reprise économique forte et lorsqu'il n'y a pas de reprise forte, commander le marché n'est pas uniquement l'apanage de Sonatrach.» Même quand ils sont bien ficelés, les contrats de vente de gaz, regrette le même responsable, «incluent malheureusement une clause admissible sur le marché de l'énergie et chez tous les partenaires qui consiste à revoir les prix lorsqu'il y a bouleversement des marchés». Plus qu'un simple précédent, le cas de l'italien Edison est surtout symptomatique d'un contexte de ralentissement économique généralisé, charriant déjà un effet domino sur les prix de vente du gaz à de nombreux clients européens. «L'effet domino est là, il n'y avait pas qu'Edison qui a demandé à revoir les prix, il y a aussi l'ENI et Gas Natural Fenosa (GNF)», a encore admis Abdelhamid Zerguine, ajoutant qu'avec ENI, le groupe algérien «est en passe de revoir les accords pour la troisième fois en deux ans». A s'en tenir au discours du PDG de Sonatrach, l'enjeu n'est donc plus d'empêcher ces révisions à la baisse, mais juste d'en limiter l'étendue pour qu'elles n'impactent pas certains contrats gaziers liant la compagnie nationale à d'autres clients européens. «Aujourd'hui, a-t-il dit, nous considérons qu'il n'y a pas de bouleversements pour certains marchés et nous sommes en train de nous battre pour ne pas admettre des réductions pour ces contrats d'approvisionnement.» Ces dernières années, faut-il rappeler, les pressions sont devenues de plus en plus fortes sur les principaux fournisseurs de l'Europe, y compris le géant russe Gazprom, pour que les prix du gaz livré par gazoduc soient revus à la baisse. Les clients européens demandent même à ce que les contrats d'approvisionnement, traditionnellement indexés sur les prix de pétrole, soient adossés sur le marché spot, qui est découplé du marché à terme. Quoi qu'il en soit, en perdant sur les prix du gaz fourni par Sonatrach aux pays du vieux continent, l'Algérie ne peut assurément plus se targuer d'être encore à l'abri des conséquences de la crise qui secoue les économies européennes ces dernières années.