Des responsables américains, russes et français se retrouveront demain, lundi, à Paris pour préparer la conférence internationale visant à réunir à Genève des représentants du régime et de l'opposition. Si le régime a donné, selon la Russie, son «accord de principe» pour participer à la conférence internationale de paix dite «Genève 2», l'opposition est en revanche très hésitante à s'engager dans des négociations, alors qu'elle est en perte de vitesse sur le terrain. Elle est en outre divisée en raison de la guerre d'influence des puissances régionales, avec d'un côté, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis qui veulent élargir la coalition pour réduire l'influence des Frères musulmans et de l'autre, la Turquie et le Qatar qui soutiennent la confrérie islamiste. «Vous avez l'Arabie Saoudite et les émirats arabes unis qui s'acharnent à inclure jusqu'à trente membres dans la Coalition nationale. Leur objectif est de réduire l'influence des Frères musulmans dans cette structure», a précisé un membre de la Coalition sous couvert de l'anonymat. Ce dernier a souligné que, «de l'autre côté, la Turquie, le Qatar et, dans une certaine mesure, la France soutiennent la Coalition telle qu'elle est», estimant «exagérées» les perceptions selon lesquelles le groupe est sous l'influence des islamistes. En référence à l'Arabie Saoudite et aux Etats-Unis, un autre membre de la coalition a critiqué leur interventionnisme : «Ils menacent de ne pas nous fournir de l'argent et des armes et nous disent que Bachar Al Assad restera au pouvoir si nous ne nous prononçons pas en faveur de l'élargissement de la Coalition à trente nouveaux membres. C'est scandaleux. Cette rivalité pour le pouvoir tue l'opposition syrienne», a souligné ce représentant, préférant lui aussi garder l'anonymat. Levée de l'embargo sur les armes, l'UE réticente Dans tous les cas, pour participer à «Genève 2», la Coalition de l'opposition syrienne a réclamé vendredi à Istanbul des «gestes de bonne volonté» du régime. «Nous voulons être sûrs que quand nous entrerons dans ces négociations, le bain de sang va s'arrêter en Syrie», a déclaré Khaled Saleh, un de ses porte-parole. Malgré tout, les préparatifs de la conférence internationale se poursuivent. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, vont rencontrer lundi à Paris leur homologue russe, Serguei Lavrov, pour l'évoquer. Lors d'un «dîner de travail», ils feront le point sur l'organisation de la conférence initiée par Washington et Moscou. Lundi également, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE doit se prononcer sur une levée de l'embargo sur les armes à destination de l'opposition syrienne. Plusieurs pays, comme la Suède et l'Autriche, s'y opposent farouchement. Sur le terrain, l'armée syrienne a annoncé avoir pénétré hier dans l'aéroport militaire de Dabaa, une position rebelle clé au nord de Qousseir, une semaine après le début de son offensive conjointe avec le Hezbollah contre cette ville stratégique. «L'armée syrienne s'est infiltrée à l'intérieur de l'aéroport de Debaa par le nord-ouest, après s'être emparée de la ligne de défense des rebelles. Les combats se déroulent désormais à l'intérieur», a déclaré à la presse une source militaire. Cet ancien aéroport se trouve à 6 km de Qousseir, sur la seule route au nord de la ville. D'après des militants, ce sont les forces spéciales de l'armée et le Hezbollah qui ont mené l'assaut. Dans un message, le chef par intérim de l'opposition syrienne, George Sabra, a dénoncé à Istanbul le fait que «des milliers d'Iraniens et leurs collaborateurs terroristes du Hezbollah aient envahi la Syrie». Pour Ghassan Al Azzi, professeur de sciences politiques à l'université libanaise, «les Iraniens ont demandé au Hezbollah de s'engager une fois pour toutes et de façon publique car cette guerre doit décider de l'avenir de l'alliance entre l'Iran et la Syrie et peut-être de toute la région». «Le Hezbollah l'a fait, bien que ceci porte atteinte à son image au Liban et dans le monde arabe», a-t-il ajouté. Le mouvement chiite a dépêché 1700 hommes pour la bataille de Qousseir, selon une source proche de l'organisation. Le contrôle de Qousseir est essentiel pour les rebelles, car cette ville de 25 000 habitants se trouve sur le principal point de passage des combattants et des armes en provenance du Liban. La ville est également stratégique pour le régime car elle est située sur la route reliant Damas à sa base arrière ..sur le littoral.