Le Mouvement démocratique et social (MDS) apparaît, très profondément, divisé en deux groupes : ceux qui demeurent fidèles à Hocine Ali, secrétaire général par intérim depuis la disparition de Hachemi Cherif, et ceux qui contrôlent, depuis une semaine, la direction du parti sous la houlette de Ahmed Meliani. Ces derniers, faut-il le rappeler, ont procédé, pour des raisons qui restent à élucider, au retrait de confiance à Hocine Ali et au report des assises nationales, prévues pour les 4 et 5 mai prochains. « Ces décisions interviennent comme un coup de théâtre, alors que le congrès augurait d'un rassemblement après la disparition de Hachemi Cherif », a déclaré Hocine Ali lors d'une conférence de presse animée, hier, au siège d'El Watan. Cette sortie médiatique se veut une contre-offensive au « coup de force » opéré par l'aile dirigée par Meliani. Persuadés que le vent tournera en leur faveur, les membres du conseil national fidèles à la ligne de Hocine Ali n'envisagent pas de saisir la justice, ni même d'aller vers un « congrès parallèle » qui exclurait la partie adverse. Du moins pour le moment. « Il est encore possible de les faire revenir à la raison à condition qu'on tienne un congrès rassembleur dans les plus brefs délais pour en finir définitivement avec les comportements et pratiques antidémocratiques d'un autre âge », a estimé l'orateur. Au-delà de la guerre de leadership que se livrent les membres de la direction nationale, quels sont les dessous de cette crise qui risque d'accélérer l'effondrement du mouvement ? Ali Hocine a révélé, pour la première fois, l'existence d'un problème de démocratie au sein du mouvement. « Il y a une volonté manifeste d'empêcher les militants d'exercer leur droit en tant que membres légitimes du conseil national », a-t-il affirmé, rappelant, par ailleurs, que d'autres organisations politiques sont actuellement ébranlées par des crises similaires. Mais est-ce à dire que cette « fracture » dans les rangs du MDS est provoquée de l'extérieur ? « Quelle que soit la nature et l'origine du malaise, il faut le traiter sereinement pour en apporter les remèdes », a-t-il suggéré. Et si la crise est alimentée par des cercles externes au parti, la question qu'on se pose est dès lors de savoir qui des deux ailes aurait cédé à la manipulation ? Ali Hocine, comme son adversaire d'ailleurs, n'a pas voulu aller au fond des choses. Des deux côtés, on laisse échapper la vérité bribes par bribes. Aux yeux du conférencier, il n'y a pas de divergences fondamentales sur la ligne stratégique et sur la philosophie politique du MDS. Pourtant, aussi contradictoire que cela puisse paraître, l'orateur a donné quelques éléments de réponses qui pourraient accréditer cette thèse. « Le mouvement refuse de n'être qu'une force d'appoint d'autant plus que sa responsabilité est plus grande. Il apporte toute sa solidarité sans se réduire à un vague comité de soutien des familles victimes du terrorisme ou des salariés en grève ». Plus loin, Hocine Ali a détruit ses propres vérités avec cette phrase diplomatique et bien construite : « Autant l'intransigeance dans la fidélité à la ligne est légitime, autant il est nécessaire d'être inflexible sur les pratiques démocratiques et si la ligne se débat, les valeurs sont indiscutables. » Cette phraséologie renseigne, si besoin est, sur les divergences profondes qui minent le parti cher au défunt Hachemi Cherif. En effet, du document (mal ficelé) qui devait être soumis au congrès, on pourrait comprendre qu'au sein du MDS, il y a deux courants et deux thèses inconciliables. D'un côté, il y a ceux qui sont contre la politique de rejet mécanique des élections, et d'un autre côté, il y a ceux qui refusent cette approche en exigeant un changement radical et profond du système politique algérien avant d'aller à toute échéance électorale de quelque nature qu'elle soit. Autre discordance : la couleur et les principes idéologiques du MDS. Entre ceux qui prônent une gauche réformiste et moderne et ceux qui épousent les thèses d'une gauche traditionnelle, le fossé est de plus en plus large.