Les différents intervenants américains ont débattu de la difficulté de faire des affaires en Algérie, en raison de l'instabilité du cadre juridique régissant le marché, de la bureaucratie et des problèmes persistants du foncier. La règle dite des 51/49% et les difficultés que celle-ci pourrait constituer pour certains investisseurs étrangers sont remises sur la table à l'occasion de la 46e Foire internationale d'Alger (FIA). Depuis quelques semaines, le gouvernement semblait s'enorgueillir du nombre de partenariats noués touchant à divers domaines de l'industrie, et les partenaires potentiels, notamment européens, semblaient revenir à de meilleurs sentiments. C'était compter sans la verve des Américains qui ne se font pas prier pour défendre leur vision des affaires. C'est ainsi qu'à l'occasion d'une conférence de presse ayant pour thème «Les entreprises américaines en Algérie», organisée en marge de la FIA, le conseiller aux affaires économiques auprès de l'ambassade américaine en Algérie, le président du l'US-Algeria Business Council (USABC) et le président de la Chambre américaine de commerce en Algérie ont largement débattu de la difficulté de faire des affaires en Algérie, notamment en raison de l'instabilité du cadre juridique régissant le marché, de la bureaucratie et des problèmes persistants du foncier. Plus insistant, Smaïl Chikhoune, président de l'USABC, a vertement critiqué la règle des 51/49%. Instaurée par la loi de finances complémentaire pour 2009, celle-ci impose une part majoritaire au capital algérien dans tout nouveau projet d'investissement. Ce qui semble poser problème aux entreprises américaines, selon M. Chikhoune, qui estime que cette règle devrait être impérativement levée si l'Algérie souhaite attirer une part des investissements américains, lesquels peuvent être colossaux. Le fait que des firmes comme Massey Fergusson (fabrication de tracteurs), General Cable (production de câbles) ou encore General Electric (turbines) aient investi en Algérie ne semble pas pour autant démonter les arguments de M. Chikhoune, qui considère que les entreprises bénéficiant d'une certaine taille et les multinationales ont une stratégie propre, un plan d'action, mais aussi et surtout beaucoup de moyens qui leur permettent de s'adapter, d'autant que le marché algérien demeure lucratif et porteur de beaucoup d'opportunités. Ce qui explique que plus d'une centaine d'entreprises américaines sont actuellement présentes en Algérie et investissent particulièrement dans les hydrocarbures, les services, les nouvelles technologies ainsi que les équipements. Or, pour le président de l'USABC, la règlementation algérienne et le climat des affaires prévalant en Algérie risquent de poser problème lorsqu'il s'agit d'attirer des PME américaines et de développer la petite industrie. Il explique ainsi que les Américains n'investissement dans un projet que quand ils sont sûrs d'être propriétaires et d'avoir la possibilité de revendre leurs parts après avoir atteint leurs objectifs. Il considère ainsi que la règle des 51/49% ne devrait être maintenue que dans le secteur des hydrocarbures et doit être impérativement levée pour les autres secteurs. M. Chikhoune pense, par ailleurs, que si les Américains peuvent s'illustrer parfois par des agissements protectionnistes, il s'agit essentiellement de la protection d'intérêts géopolitiques, chose que les Algériens peuvent toujours garder à l'esprit tout en ouvrant leur marché aux investisseurs potentiels. Il considère d'ailleurs que l'Algérie devrait saisir l'occasion de la signature d'un dialogue stratégique avec les Etats-Unis, en novembre 2012, afin de densifier sa coopération économique avec le pays de l'Oncle Sam. En attendant une nouvelle rencontre de haut niveau dans le cadre de ce dialogue, prévue à Alger avant la fin de l'année en cours, la densification des rapports économiques passe, selon M. Chikhoune, par une ouverture aux investissements américains estimés actuellement à un peu plus d'un milliard de dollars par an, concentrés essentiellement dans le secteur des hydrocarbures.