Vingt années se sont écoulées depuis l'effroyable assassinat dont a été victime Tahar Djaout. Le 2 juin 1993, le journaliste, poète et écrivain de grand talent a livré son dernier combat contre la barbarie. Il souffla son dernier soupir, mais ne fut pas vaincu par ce coup, fatal à la vie de l'homme, mais ô combien impuissant face à son œuvre qui, elle, demeure et servira toujours de repère pour des générations de gardiens des valeurs défendues par Djaout. Le journal El Watan et son pendant hebdomadaire du week-end, en partenariat avec les éditions Barzakh, ont tenu à rendre hommage à cette valeureuse figure des médias et de la littérature algérienne en évoquant ses «présences» en tant que journaliste, poète et écrivain. Tahar Djaout était tout cela à la fois mais pas seulement, disent ses compagnons et amis. Il jonglait avec cette bicéphale appartenance à des cercles qui se rejoignent dans l'art de joindre les mots et de dire, de la manière la plus noble et la plus soignée qui soit, une pensée, une idée, un engagement. Il eut pour cela la reconnaissance des uns et des autres, l'admiration d'un cercle comme d'un autre, mais surtout le respect d'un peuple qui aspire à construire l'Algérie dont rêvait Djaout. L'hôtel Es Safir d'Alger a donc ouvert hier ses portes à l'évocation de ce que fut le journaliste et le poète Tahar Djaout. De l'avis de ses confrères et amis, Djaout a été pour le journalisme, ce que tout journaliste rêve d'être, une plume qui force l'admiration. «C'était un homme d'exception, il s'est imposé par son courage. Il a donné sa vie pour ce pays et pour son métier. Nous essayons, à El Watan, d'être à la hauteur de ce que fut son combat et son sacrifice», a déclaré le directeur du quotidien El Watan, Omar Belhouchet, à l'ouverture du colloque. Hamid Abdelkader, journaliste à El Khabar et écrivain, revient sur sa première rencontre avec l'homme quand son compagnon, Mohammed Balhi, sociologue et journaliste, retient que son ancien collègue «a su créer cette passerelle entre les élites, notamment entre arabophones et francophones». Ameziane Ferhani, journaliste et responsable du supplément Art et Lettres à El Watan, a évoqué «l'âge d'or du journalisme culturel», tout comme le journaliste Arezki Metref a aussi convoqué ses souvenirs avec son ami lâchement assassiné. Amine Khan, qui vient d'éditer un recueil de témoignages sur ce que fut Tahar Djaout, ainsi que Hamid Nacer Khodja et Hamid Tibouchi, tous trois poètes, ont tour à tour mis en lumière Djaout le poète. «Nous sommes fiers qu'un tel Algérien ait existé et laissé une trace dans l'histoire de l'Algérie… C'était un homme d'une grande dimension et qui est un repère pour l'avenir difficile de l'Algérie», a affirmé Amine Khan. Nous reviendrons dans notre édition de demain avec plus de détails sur le colloque en hommage à Tahar Djaout.