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A Ben Aknoun, le spleen des journalistes en herbe
Publié dans El Watan le 02 - 05 - 2006

On ne connaît pas le nom du prof », disent des étudiants en troisième année journalisme, rencontrés dans l'amphi du département médias et communication de la faculté des sciences politiques et de l'information à Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger.
Au programme, un cours de « linguistique arabe » à 11 h. Vingt-cinq minutes plus tard, rien, pas d'enseignant. Les étudiants, une centaine, ne semblent pas s'inquiéter : Il y a les « polycopies », les cours photocopiés parfois hérités des anciennes promotions. Soudain, éclatent d'aigus cris féminins. Un mille-pattes crée la panique. Ce myriapode se trouve souvent sous les planches en décomposition, et au département de l'information on ne s'étonne pas de tomber nez à nez avec ces insectes ou des souris. La porte principale de l'amphi est condamnée. Il faut y accéder par l'entrée des profs côté bloc administratif, en passant devant un graffiti représentant un sexe masculin. « Si jamais il y a un incident, un incendie par exemple, comment on va faire pour quitter en sécurité cet endroit ? », s'inquiète Zohir, étudiant en troisième année, spécialité presse écrite. « Cet amphi a une capacité d'accueil de 300 étudiants. Je me retrouve parfois face à 1000 », dit un enseignant de technique de rédaction. Anciennement Institut des sciences de l'information et de la communication (ISIC), avant de se transformer en 1998 en département de faculté, l'institut était basé dans les années 1970 près de la fac centrale à Alger-Centre. Il a « migré » en 1987 à Ben Aknoun, occupant les locaux de l'Institut des techniques financières et de comptabilité, actuellement à Koléa (ex-ITFC)). « En 1987, il y avait à peine 200 étudiants. Aujourd'hui, il sont presque 5000 », indique le jeune président du département, Fateh Laâgab, enseignant en méthodologie également. Les 120 enseignants, auxquels s'ajoutent les vacataires, n'arrivent pas à assurer pleinement l'encadrement : en moyenne, chaque prof prend en charge sept à dix mémoires de fin d'études, sans parler des thèses de magistère et de doctorat. « Je me retrouve à corriger 4000 copies par an », indique Redouane Boudjemaâ, enseignant. « Sans oublier les différentes sections information, communication ouvertes un peu partout : nous avons 1000 étudiants dans chacune des universités de Constantine, d'Oran et d'Annaba ainsi que 500 dans chaque section à Médéa, Mostaganem, Biskra, Sétif, M'sila, Batna et Oum El Bouaghi », s'alarme le docteur Brahim Brahimi, professeur, spécialiste du droit dans le domaine de l'information, auteur de plusieurs recherches. « La situation ici est... je ne trouve pas de mots », poursuit-il, évoquant « l'incompétence des responsables, l'improvisation du système LMD (licence, master, doctorat), le doyen qui n'est pas élu, le déficit en encadrement ». « Et avec tous ces manques, ils veulent créer quatre spécialités en troisième cycle avec l'introduction notamment d'une filière, technologie de l'information, dans laquelle nous ne disposons même pas de spécialistes ! Et on crée aussi, en magistère, la filière « communication en temps de crise... Au magistère ! », lance-t-il. La crise, elle, est partout dans l'ex-ISIC. Il suffit également de faire un tour à la bibliothèque dans le bloc administratif, un ancien dortoir : mobilier désuet, fichier informatique inexistant... Les étudiants perdent un temps précieux en feuilletant des fiches en papier détériorées par les ans. « On ne trouve pas grand-chose. On va chercher ailleurs », entonnent deux étudiants peaufinant un exposé sur les théories des effets. Aux abords de l'ex-ISIC, le coffre et le toit d'une Renault 12 break jaune présentent un ensemble de publications et de livres divers. Un bouquiniste s'est carrément installé là entre une table de vendeur de cigarettes et une gargote. « Pas mal, la nouvelle bibliothèque », ironise Zohir. Ces étudiants en journalisme ont-ils le moindre contact avec le monde des médias ? En troisième année, première année de spécialité (presse écrite, audiovisuel, communication, sondage) après deux ans dits « tronc commun », ils sont appelés à trouver des stages de trois semaines en moyenne, en second semestre dans des entreprises de presse ou autres. « Il faut des épaules larges pour trouver par exemple un stage à la télé ou à la radio », témoigne une étudiante de 3e année audiovisuel. Les travaux pratiques au niveau du « studio » du département se déroulent dans des conditions précaires : malgré la station radio et la vieille télévision-vidéo, les étudiants se débrouillent pour monter des JT et des émissions-exercices avec les moyens du bord. Et quand il faut réaliser un documentaire comme travail de fin d'études, « on enregistre des séquences des télévisions étrangères ou de l'ENTV », explique un étudiant en fin de cycle de licence.
« La course aux notes... »
Quant aux infrastructures, dont dispose le département, il faudra noter les cinq photocopieuses gérées par des syndicats étudiants ou des associations, un taxiphone, une cafet', un centre de soins et une papeterie. Pas où acheter un journal. D'ailleurs, l'institut ne dispose pas d'une publication, à part la revue de recherche Communication et Assahafi (le journaliste) réalisée par un groupe d'étudiants volontaires sous la houlette de l'enseignant Redouane Boudjemaâ. Le premier numéro est paru le 3 mai 2005 à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse. « Cette année, le manque de moyens nous empêche de rééditer l'expérience. On verra du côté des journaux, s'ils sont disposés à nous publier quelques articles pour marquer le coup », dit Redouane Boudjemaâ. C'est aussi une des conséquences du déficit de la pratique à l'institut : « Nous en sommes encore à des cours de techniques de rédaction copiés sur des manuels égyptiens des années 1950 », s'accordent à dénoncer les étudiants rencontrés. « A part les quelques profs qui ont fait leur formation aux Etats-Unis et qui font un effort pour enseigner les dernières théories en matière de communication », relativise Khaled, jeune enseignant vacataire. « Sinon, pour le reste, il y a juste la course aux notes, éviter les rattrapages, les synthèses... Pour le journalisme, on verra après », regrette une étudiante, 23 ans, originaire de Tizi Ouzou qui « rêvait » de présenter les informations à la radio. « L'institut va me donner un bout de papier, cela me servira dans mon CV. Mais, je crois que la vraie formation viendra après, quand on trouvera un média qui voudra de nous », poursuit-elle. Dans son bureau, assiégé par les réclamations d'étudiants et les sollicitations bureaucratiques -« j'ai signé 35 000 documents depuis que je suis là » - Fateh Laâgab, le président du département, a quand même la force d'y croire encore : en 2008 sera inauguré le nouveau département d'information, juste à côté de l'actuel avec quatre amphis, 30 salles, un vrai studio, une radio, une imprimerie. « Le département devrait même redevenir indépendant en tant que faculté de l'information », espère Laâgab, qui doit gérer l'absence de l'agent qui « garde » le microphone de l'amphi. « Bon, il habite juste à côté, allez le chercher », conseille-t-il aux membres d'une association qui prévoient d'organiser une conférence le lendemain. « Ni école de journalisme ni institut des sciences des communications, l'ex-ISIC peine à trouver sa vocation », résume un ancien étudiant, actuellement journaliste.


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