Hamid Tahri, le grand reporter et portraitiste d'El Watan, a vu en 1971, le président de la République arabe de Syrie, Noureddine El Attaci, pleurer devant les caméras de la Télévision algérienne. El Attaci avait dit, entre deux sanglots : «El hamdou lilah, enni raït ardh j'dadi.» (Dieu soit loué, enfin j'ai vu la terre de mes ancêtres !). Si le président Houari Boumédiène savait cela (il en était bien informé), les hommes politiques algériens et les ambassadeurs (étrangers et arabes) de l'époque étaient médusés. Plus tard, ils sauront que Noureddine El Attaci avait des origines algériennes, plus particulièrement kabyles. Selon des témoignages recoupés, ses aïeux se sont exilés en Syrie suite aux massacres perpétrés par l'armée française après l'échec de la révolte de Lala Fadh'ma N'soumer et Boubaghla. Les parents de Nourreddine El Attaci étaient bien sûr «syriannisés». Cela n'empêche pas Noureddine El Attaci de faire sa célèbre confession : Khaïri Eddhabi (1) m'a dit au restaurant Lanterna de Damas, en avril 2000, que Noureddine El Attaci et son ministre des Affaires étrangères (de l'époque), Brahim Makhous, avaient des origines algériennes. Il n'en savait pas plus, mais il me présenta à la fin du colloque de Hamat (2) un parent éloigné de Noureddine El Attaci. Ce dernier, qui s'appelait Walid El Attaci, me dit : «Selon les dires de mon grand-père, nos aïeux se sont ‘‘mélangés'' avec les Syriens, mais on a conservé les traditions et la langue amazighe dans nos foyers et dans nos relations familiales. D'ailleurs, jusqu'à présent on parle amazighe dans notre famille.» A Damas, je fis en mai 2003 (mon 2e voyage en Syrie) la connaissance de Mouloud Naït Abdellah, un commerçant de souliers à Essalihia, le quartier chic de Damas. Mouloud me confirma que «Noureddine El Attaci avait bien des parents kabyles». Selon lui, «ils parlaient même la langue amazighe !» Et Brahim Makhous, ce professeur en cardiologie que tous les patients (en cardio) algériens aimaient et appréciaient (il a travaillé plus de 20 ans avec les professeurs Chaulet, Mentouri et autres à l'hôpital Mustapha d'Alger). Selon Khaïri Eddhahabi, la mère de B. Makhous est algérienne. Mouloud Naït Abdellah va plus loin : «Elle est chaouie , plus particulièrement des Aurès. Ses grands parents se sont exilés en Syrie après la chute de la ‘‘République des Aurès'' (1914-1917). Une extraordinaire révolte qui a été confusément (trahisons?) ‘‘matée'' dans un ‘‘bain de sang''.»(3)
1) Voir El Watan du 01/08/2012 2) Voir El Watan du 07/08/2012 et le beau livre de Kamel Bouchama 3) Dommage que les historiens algériens n'ont pas beaucoup écrit sur cette révolte. Néanmoins, un beau film est au niveau de l'ENTV. Sa réalisation serait un baume dans nos cœurs.