Le décès de deux soldats dans l'explosion d'une mine au passage de leur véhicule par une voie agricole près du village de Daghra, dans les environs de Kasserine (30 km de la frontière algérienne), indique que le terrorisme a franchi une étape dangereuse en Tunisie et étend son rayon d'action en dehors des espaces militaires. Pour les faits, le communiqué publié hier par le ministère tunisien de la Défense indique qu'une mine «a explosé au passage d'une voiture militaire entraînant la mort de deux soldats et des blessures graves pour deux autres». Le même communiqué relève que «cette action traduit une mutation dangereuse», dans la mesure que l'incident s'est produit sur un parcours emprunté par les soldats, les forces de l'ordre et les habitants, en dehors de l'espace militaire protégé autour du mont Chaâmbi. Le communiqué du ministère de la Défense appelle la population à la prudence et à la collaboration avec l'armée et les forces de sécurité afin de protéger le pays contre ce danger envahissant. Le correspondant sur place de Radio Mosaïque a indiqué que les deux soldats décédés sont l'adjudant-chef Sadok Khadhraoui et le sergent-chef Lazhar Khadhraoui. Les soldats blessés sont le sergent Rachid Brahmi, qui a subi une intervention chirurgicale et court toujours un grand risque d'amputation de ses membres inférieurs, et le sergent-chef Ali Omar, dont la situation est plus stable. Grogne La correspondante de Radio Mosaïque a par ailleurs rapporté que «la grogne commence à s'installer parmi les militaires qui dénoncent le manque d'effectifs et demandent des renforts». Elle a précisé que «les militaires déployés sont au nombre de 280 pour une superficie de 100 km2». Par ailleurs, des citoyens, joints au téléphone dans la ville de Kasserine, ont indiqué que quelques centaines de personnes ont manifesté sur l'artère principale de la ville pour exprimer leur soutien à l'armée. Certains auraient même manifesté le désir de rallier la chasse aux terroristes dans la région. Pour sa part, la famille de l'adjudant-chef de l'armée tunisienne, Mokhtar Mbarki, tué accidentellement, le 2 juin, par ses collègues, a manifesté sa colère contre les conditions dans lesquelles les soldats mènent leur mission. Toutefois, l'explosion de cette mine en zone habitée pose également des interrogations sur les instigateurs de cet acte terroriste. «S'il est certain que c'est en rapport avec les incidents de Chaâmbi, il n'est pas sûr qu'il a été perpétré par l'un des terroristes du maquis environnant. Il se pourrait bien qu'il s'agit d'un soutien à ce groupe, venu de l'extérieur», indique un spécialiste qui requiert l'anonymat. Est-ce un pas de plus vers l'extension de l'action des terroristes ?