L'Asie s'invite comme chaque année au Festival de Cannes. Moins de grosses machines hollywoodiennes et plus de qualité asiatique, telle est l'affiche cette année à Cannes. Et alors que c'est très dur à admettre, le cinéma africain, de son côté, a touché le fond. Cap sur l'Asie : Deux artistes très élitistes d'abord siégeant au jury. Wong Kar Wai comme président et Zhang Ziyi comme membre pour mettre son fort cachet le jour des délibérations. Pourquoi tant de films d'Asie ? Parce que c'est-là que le cinéma trouve beaucoup de ressources financières étatiques et privées surtout. Parce que c'est là où des cinéastes de talent font des œuvres de grande importance du point de vue artistique. Fini ou presque le système des films de genres, de violence et d'action. Le public n'en veut plus. Les Américains font mieux sur ce terrain. Alors place au cinéma d'art et d'essai, Wong Kar Wai, Chen Kaige, Zhang Yimou, Hou Hsiao-hsien... On verra donc cette année à Cannes en compétition B : Palais d'été, de Lou Ye et hors compétition Guisi, de Su Chao Pin, Election 2, de Johnnie To. Un certain regard présente aussi Voiture de luxe, de Wong Chao et The Unforgogiven de Yoon Jong-Bin. Ce sont là les dernières nouveautés sorties des studios de Séoul et de ce qu'on appelait les « Trois Chines » : Pékin, Taïwan, Hong Kong. Avant que l'ex-colonie ne rejoigne le continent. L'argent existe, le marché existe, les talents aussi : le cinéma d'Asie ne s'arrête pas de conquérir le monde. Il y a certes un danger, celui de la grande piraterie. Chaque jour, on découvre des usines clandestines qui produisent des vidéo-disques, singulière concurrence aux salles de cinéma. Ainsi, alors que le cinéma d'Asie repart à la conquête de Cannes, (on n'oublie pas du côté iranien, les grandes révélations aussi), le cinéma africain est tombé dans l'oubli total. Le manque d'argent a hypothéqué tous les élans, tous les espoirs entrevus il y a quelques années. Certes la partie sud-africaine fournit encore quelques financements et prête surtout ses décors naturels aux superproductions américaines. Ailleurs, les cinéastes demeurent sans soutien, dans la solitude à moins qu'ils n'apportent à quelques producteurs européens les sujets qui leur plaisent (donc loin du style, de la voie personnelles du cinéaste lui-même). Conscients de la situation impossible où ils sont, des réalisateurs du continent tentent leur chance à la télévision en tournant des feuilletons à l'eau de rose. Les chaîne TV africaines roulent toutes avec des subsides étatiques. Qui dit argent de l'Etat dit contrôle politique absolu. Cercle vicieux.