A l'ère des réseaux sociaux, la moindre information prend une ampleur considérable. Chaque alerte est immédiatement répercutée, provoquant de grandes vagues d'indignation. Paris de notre correspondant «Argenteuil, une jeune femme de confession musulmane, enceinte, a été violemment agressée par deux hommes. Alors qu'elle sortait d‘un laboratoire d'analyses, les individus l'ont interpellée, traînée dans une ruelle isolée, rouée de coups, lui ont arraché son voile et coupé les cheveux. Une agression d'une violence incompréhensible. La énième d'une série qui a commencé depuis le mois de mai, dans la même ville.» Cette information a créé un émoi sur les réseaux sociaux et une grande tension lors d'un rassemblement devant la mairie. Si la presse utilise le conditionnel, en citant des sources policières, les sites communautaires sont affirmatifs sur la Toile. Ainsi selon Le Parisien, le premier à révéler l'affaire, une jeune femme voilée de 21 ans, enceinte, aurait été agressée jeudi dernier rue de Calais, à Argenteuil (Val-d'Oise). Et de nuancer : «Les enquêteurs se sont montrés toutefois circonspects sur son récit, qui présente, selon une source proche du dossier, des incohérences.» «Les politiques regardent ailleurs » Cette affaire survient après l'agression, fin mai, d'une jeune fille de 17 ans, voilée, dans la même ville. Alors qu'elle rentrait chez elle, rue du Nord, dans le quartier pavillonnaire des Coteaux, deux hommes lui ont arraché son voile, l'ont insultée puis jetée à terre avant de la rouer de coups. Le médecin lui a prescrit sept jours d'incapacité. Le maire de la ville, le député socialiste Philippe Doucet, a immédiatement dénoncé tout acte raciste et islamophobe, mais a appelé «les Argenteuillais à ne pas tomber dans le piège tendu par ceux qui mettent en cause le vivre- ensemble que nous construisons ici. Nous n›accepterons dans cette ville aucun acte islamophobe. Jusqu›à présent dans cette ville, il n›y a jamais eu de crâne rasé ». «Les agressions islamophobes se succèdent et les politiques regardent ailleurs», a déclaré Abdelaziz Chaâmbi, le président de la coordination contre le racisme et l'islamophobie (CRI), association dont l'avocat, Me Hosni Maâti, défend deux jeunes femmes voilées récemment agressées. «Il faut faire cesser cette vague islamophobe qui est insupportable». Quelques jours auparavant, un couple de musulmans a été agressé à Reims. Le Conseil français du culte musulman (CFCM), dont l'élection pour le renouvellement des instances s'est déroulé samedi 8 juin, note une recrudescence d'actes «islamophobes». De nombreuses mosquées et cimetières musulmans sont régulièrement vandalisés. Après la profanation en mai dernier de la mosquée de Limoges, le CFCM note que «depuis juillet 2012, c'est la quatrième fois que cette mosquée est victime de dégradations à caractère raciste. Et depuis le début de l'année 2013, plus d'une douzaine de mosquées ont été honteusement profanées». Face à la colère, instrumentalisée ou spontanée, comme lors du rassemblement pour la femme agressée à Argenteuil, où des personnes ont lancé des projectiles et hué le maire, les appels au calme se multiplient. Le père de la victime a supplié les présents de ne pas donner une «image de sauvages» en restant calme. De son côté, le CFCM appelle à chaque incident «l'ensemble des musulmans de France à rester sereins face à ces provocations méprisables et à faire confiance aux valeurs qui animent l'immense majorité de nos concitoyens».