Au 1er janvier 2006, 126 journalistes purgeaient encore leur peine à travers le monde pour leurs opinions ou en raison de leurs activités professionnelles. Les pays où l'on emprisonne plus les journalistes, selon le rapport de Reporters sans frontières (RSF), sont la Chine, Cuba, l'Ethiopie, l'Erythrée et la Birmanie. En Chine, Shi Tao, condamné à dix ans de prison ferme en avril 2005, vit dans des conditions de détention inquiétantes, selon RSF, alors que Yu Dongyue, journaliste et critique d'art, est détenu depuis les massacres de la place Tienanmen en 1989. Cuba reste la deuxième prison du monde pour les journalistes. En Birmanie, Win Tin, le plus célèbre des journalistes et démocrates du pays, a entamé sa dix-septième année de détention. La junte militaire au pouvoir refuse obstinément de libérer cet ancien rédacteur en chef du journal Hanthawathi, pourtant âgé de 75 ans. La presse privée en Erythrée n'existe plus. Les anciens responsables des publications fermées en 2001 croupissent toujours en prison. Leur lieu de détention n'est toujours pas connu. Chez nous, en Algérie, l'ex-directeur de publication du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, est toujours en prison. En moyenne, deux journalistes sont interpellés dans le monde quotidiennement, selon RSF. L'année 2005 était également la plus meurtrière dans les rangs des journalistes. Au moins 63 journalistes ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions ou pour avoir exprimé leurs opinions. L'Irak reste le terrain le plus meurtrier : 24 journalistes et 5 collaborateurs des médias y ont trouvé la mort. Aux Philippines également, les journalistes paient de leur vie leur volonté d'informer. Les risques viennent dans ce pays des hommes politiques, de businessmen ou de trafiquants prêts à tout pour faire taire les journalistes qui enquêtent sur leurs pratiques illégales. L'impunité reste la règle dans ce pays. Dans d'autres pays d'Asie (Afghanistan, Bangladesh, Népal, Pakistan, Sri Lanka), des journalistes ont également été tués en raison de leur travail. Au Liban, deux grandes figures de la presse libanaise ont perdu la vie l'année dernière : Samir Kassir (éditorialiste du quotidien An-Nahaet) et Gebrane Tuéni, le PDG du même journal. La violence à l'égard des journalistes avait également connu une recrudescence en Afrique. Dans tous les cas de violence, l'impunité demeure et les assassins, parfois connus, n'ont pas été sanctionnés. Le continent américain n'a pas été épargné. Des enquêtes sur les trafiquants de drogue ou de carburant ont été à l'origine des assassinats en Amérique, notamment au Mexique. Par ailleurs, plus de 1300 cas d'agressions ou de menaces ont été recensés par RSF au cours de 2005. Au Nigeria et au Pérou, une cinquantaine de journalistes ont été battus par des policiers, des militaires ou les hommes de mains d'élus locaux. La censure a augmenté de plus de 60 %, selon RSF. 1006 cas de censure ont été relevés en 2005.