Si l'on peut pardonner à un terroriste les crimes qu'il a commis, on peut, inévitablement, pardonner à un journaliste une erreur (...). Un journaliste est humain, il peut donc commettre des bévues », ce sont là les propos tenus, hier, par Amar Saâdani, président de l'APN, lors d'une cérémonie organisée en l'honneur des journalistes à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse. Des députés, des responsables de différents quotidiens nationaux ont pris part à cette rencontre. Dans son discours, M. Saâdani a tenu d'abord à saluer la mesure de grâce prononcée mardi par le président de la République au profit des journalistes condamnés pour outrage à fonctionnaire, offense au président de la République, outrage à corps constitué, diffamation et injure. Le président de l'Assemblée a révélé, en outre, que son institution a entamé récemment des contacts avec le premier magistrat du pays et le ministre de la Justice pour qu'ils procèdent à l'annulation des poursuites judiciaires à l'égard des journalistes. « Le président de la République a annoncé des mesures comportant une remise totale des peines prononcées à l'encontre des journalistes. Nous souhaitons qu'il y ait d'autres mesures visant l'annulation pure et simple des poursuites judiciaires. Cette question est à l'ordre du jour », a indiqué le président de la chambre basse. Hier, le fait aberrant dénoncé par les journalistes présents à la cérémonie, est qu'à la même heure, les directeurs de deux journaux en l'occurrence M. Belhouchet d'El Watan et Ali Djerri d'El Khabar ainsi que la journaliste Salima Tlemçani du premier quotidien cité étaient convoqués au tribunal de Sidi M'hamed à Alger pour répondre d'une plainte déposée par la DGSN et le ministère de l'Intérieur. Le procès a été renvoyé au 14 juin, car le président du tribunal a estimé indécent de condamner des journalistes un 3 mai. Sur ce sujet, M. Saâdani s'est dit très déçu de voir des journalistes traînés devant les tribunaux. « Il faut trouver une solution définitive à ce problème, j'estime qu'il est anormal de condamner des journalistes qui tentent tout simplement d'informer le citoyen. Des journalistes qui ont fait face avec bravoure au terrorisme », dira l'orateur. M. Saâdani n'a pas nié que le journaliste rencontre des difficultés pour accéder à la source d'information. Il explique cet état de fait par le manque de confiance qui existe à tous les niveaux. « En Algérie personne ne fait confiance à personne. Les pouvoirs juridique et exécutif ne se font pas confiance. Ces deux derniers ne font pas confiance à la presse et ainsi de suite. C'est cette situation qui est à l'origine du problème. Le refus de divulguer des informations poussent les journalistes à la spéculation », a indiqué le président de l'APN, qui a affirmé que seule l'ouverture d'un débat objectif sur toutes les questions portant sur l'éthique, la déontologie, la liberté d'expression, le droit à l'information peut régler les problèmes auxquels sont confrontés les journalistes. « Le journaliste n'a pas le droit de porter atteinte à autrui. Il a le droit d'informer le citoyen tout en respectant la vie privée des individus. De leur côté les pouvoirs publics doivent communiquer », dira M. Saâdani.