Nuits magiques, féeriques et lointains voyages dans lesquels sont transportés les Constantinois durant ces journées du jazz, qui s'inscrivent désormais parmi les grands événements qui s'imposent d'eux-mêmes dans les traditions culturelles de la ville du Vieux Rocher. Le jazz est donc encore là au rendez-vous, avec tous ces jazzmen qui ont répondu présent à l'appel du festival Dimajazz. Cela se passe sans le regretté Aziz. Après deux soirées envoûtantes et ornées de délicieuses surprises, la troisième fut spéciale à plus d'un titre. Le public constantinois est venu y redécouvrir le groupe de jazz belge cher à son cœur et retrouver ainsi cette félicité et cette quiétude tant de fois éprouvées dans les précédentes éditions et que seul Aka Moon est à même de communiquer par des notes venues d'ailleurs. En entrant sur scène, le trio belge, emmené par le magicien Fabrizio Cassol, fidèle ami du défunt Aziz, recevra une ovation chaleureuse. En essayant de formuler des phrases afin de saluer le public, Fabrizio se laissera envahir par les larmes en lançant à ses admirateurs. « C'est la première fois qu'Aziz ne vient pas nous accueillir (à l'aéroport, nlrd). » La salle est alors plongée dans un silence glacial, laissant libre à Fabrizio de jouer des notes avec son saxo, sa manière à lui de rendre hommage à Aziz Djemam. Stephane (batteur) et Michel (bassiste) ne resteront pas insensibles à la douleur exprimée par leur vieil complice et se forceront de cacher la tristesse, en dégageant par des gestes les larmes. Le voyage musical commence Le trio emmènera le public pour un nouveau voyage, dont tout le monde connaît l'issue sans en saisir le chemin, qui ne reste connu que du groupe. Mystérieuse et néanmoins exquise virée musicale qui tantôt vous berce, tantôt vous surprend. Par moments, Fabrizio vous guide seul dans ce voyage, d'autres fois c'est à Stephane de nous faire revenir pour de brefs moments sur terre, alors que Michel aux talents incontestés nous berce et nous enivre avec ces mélodies et ses compositions pures et célestes. Tels des marchands de rêves ou de sable, c'est selon, ce trio possède un don, peut-être un secret. On ne le saura sans doute jamais. Peut-être viennent-ils tout simplement d'ailleurs. Seuls les moments magiques qu'ils nous offrent et partagent avec nous importent. Le seul regret que l'on puisse avoir est que ces moments ne durent pas longtemps. Ce soir encore, Nguyên Lê qui se produira pour la deuxième fois devant le public constantinois après un passage remarquable lors de la précédente édition nous donnera un aperçu sur ses savantes mixtions entre musique vietnamienne traditionnelle, rock guitare et son maghrébin, dont il en a saisi le charme grâce à ses multiples assiduités avec des groupes de jazz maghrébin, notamment le batteur Karim Ziad. Profondément imprégné du son de Jimmy Hendrix, Nguyên Lê apporte sa propre touche de guitare, qu'il verse dans le jazz. Un garçon exceptionnel et fascinant qui fera certainement le bonheur des amoureux des guitares électriques. Le show du vietnamien sera précédé par celui du groupe Thot, dont le fan club constantinois est loin d'être modeste. Thot a déjà fait son apparition dans une précédente édition et laissé une énorme impression. Stephan Payen ne sera pas en terre inconnue, car même si le décor a changé, l'ardeur des Constantinois est restée la même.