Mardi soir, le Festival Dimajazz avait repris ses droits après une « coupure » d'une journée (lundi) qui a logiquement suivi trois nuits bien agitées pendant lesquelles la scène du théâtre constantinois a vibré aux sons des tendances les plus variées du jazz, comme la tendance classique dont la formation Jazz Workers a été le digne représentant. Cela a été le cas de l'excellent groupe belge Bzzz Pûk, qui a surpris par sa vivacité et laissé sa propre empreinte dans la sphère musicale du Dimajazz, par ses intonations et improvisations. Sans oublier Sinouj qui a incontestablement marqué pour la énième fois son passage devant son propre public et a honoré son ex-leader, le défunt Aziz. On peut en dire autant d'Organic Trio. Après que l'ouverture de cette quatrième édition ait été confiée aux soins des Jazz Workers emmenés par l'Algérien Mourad Benhamou, la reprise du festival (mardi soir) a été assurée par une autre jeune et séduisante formation venue de Annaba, Foursene el Djanoub (Chevaliers du Sud). Ce groupe de jazz-fusion, qui puise l'essentiel de son inspiration du son tindi et de la musique tergui, n'a pas laissé indifférents les jeunes mélomanes constantinois, après avoir su mélanger raï, rock et jazz et donner à cette alliance la couleur dont ils détiennent eux seuls le secret. Foursene el Djanoub, véritable groupe de scène, a fait vibrer les planches. Le remuant claviériste Redouane, coiffé d'un turban tergui, a su captiver l'assistance par sa vivacité et ses délicieuses mélodies, alors que Mounir étalera tous ses talents incontestés de guitariste hors pair, ayant la maîtrise de plusieurs styles. Sa complicité avec Zine (percussions) est admirable dès qu'il s'agit de se remuer un peu sur scène. S'ensuivra alors l'entrée en fanfare de B-connected, groupe adopté et adulé par le public constantinois. Eugène Montenero, leader du groupe, a vite fait savoir aux présents qu'il regrettait de n'être pas venu avant, malgré la présence de B-connected lors de la précédente édition. Véritables virtuoses, les musiciens de ce groupe, venus d'horizons divers, donneront des couleurs et des sons diversifiés. L'empreinte de B-connected est unique et varie à chaque apparition du groupe. Une musique qui ne semble être conditionnée ni par le temps ni par les mesures. Seuls le moment présent et l'émotion suscitée en l'instant même semblent être les moteurs et les inspirateurs de leur musique. Le public leur a offert tant d'émotion que les B-connected n'en finiront pas de renvoyer leur gratitude par d'exquises compositions qui nous ont fait voyager loin, vraiment loin. On dirait que pour beaucoup de gens, ces mélodies ont percé les murs du théâtre et envahi la ville du Vieux-Rocher et se sont frayées un chemin jusqu'à l'au-delà, jusqu'à notre regretté Aziz.