Alors qu'avec la maladie du président Bouteflika, les incertitudes institutionnelles liées à son absence prolongée des affaires du pays persistent – certains n'écartent pas la mise en œuvre de la procédure d'empêchement, comme le prévoit la Constitution –, du côté du régime et de ses affidés, on fait comme si de rien n'était, pas de quoi s'alarmer outre mesure. Parmi eux, les thuriféraires du clan, de la famille Bouteflika, agitent l'encensoir, toute honte bue, sur un air de «tout va très bien, Madame la marquise», alors que les appareils de l'Etat, de la diplomatie, de la justice et même l'institution militaire restent suspendus au pouvoir régalien du président de la République, tel que défini par la Loi fondamentale et confirmé à travers les révisions successives. Renforcé avec celle de 2008 en levant le verrou de la limitation à deux mandats, confirmant par la même le caractère autoritaire du régime en place. Pour l'instant, rien ne semble avoir troublé les «danseuses du ventre», vestiges de ce qu'était la défunte Alliance présidentielle, absolument rien, pas même la disgrâce du frère et non moins conseiller du président de la République, toujours hospitalisé à Paris ou encore le limogeage d'un des proches et accessoirement ambassadeur en France, rien que cela. Cette agitation, pour tout observateur averti, ne serait rien d'autre, semble-t-il, qu'une offre de services en direction des «faiseurs de rois» à jouer les «chauffeurs de salle» et adouber, au cas où cela serait nécessaire, le candidat du consensus en cas d'élection présidentielle, y compris si elle doit avoir lieu de manière anticipée. C'est dire que pour le FLN, le RND, TAJ ou encore le MPA de Amara Benyounès, pour ne citer que ceux-là, l'après-Bouteflika n'est assurément pas à l'ordre du jour. Du moins pas pour l'instant. Les Anglo-Saxons ont une expression qui résume bien l'attitude de ces encenseurs d'un genre nouveau : «Wait and see», attendre et voir… de quel côté soufflera le vent. Dans tous les cas de figure, le rôle de «chauffeur de salle» assumé, il ne leur restera, le cas échéant, qu'à mettre en route la machine à faire élire le «fameux et non moins virtuel candidat du consensus». En vérité, rien ne pourra être comme avant la maladie du président de la République, y compris la révision de la Constitution de 2008 qui a enfermé le système politique algérien dans un vrai casse-tête pour les constitutionnalistes, dont il faudra tenir compte pour éviter à l'avenir le piège de la maladie d'un Président qui concentre trop de pouvoirs. En effet, 35 ans après celle du président Boumediène, l'Algérie et ses institutions se retrouvent dans une impasse «constitutionnelle» avec l'hospitalisation depuis bientôt deux mois du président Bouteflika. Ironie du sort, ce dernier était considéré, à l'époque, comme un sérieux outsider pour succéder à Mohamed Boukharrouba. Entre temps, deux Présidents ont démissionné avant la fin de leurs mandats et un autre a été assassiné…