Un romancier irakien et un poète algérien ont proposé, mardi à Alger, des points de vue sur l'impact des conflits politiques sur la littérature. Invitées dans le cadre du 6e Festival international de la littérature et du livre de jeunesse (Feliv), le romancier irakien, Muhsin Al-Ramli, et le poète algérien, Khaled Ben Salah, ont parlé avec passion de leurs œuvres. Ils n'ont pas manqué de souligner que les conflits politiques ont toujours influé sur leurs écritures romanesques et poétiques. A la fois écrivain, poète, universitaire et traducteur, l'Irakien, Muhsin Al-Ramli,-installé en Espagne depuis 1995- a, d'emblée, expliqué que son pays a subi plusieurs conflits. Depuis que l'Irak existe, elle n'a jamais connu une décennie de paix. «J'ai vécu deux guerres sanglantes quand j'avais sept ans et vingt-trois ans. Depuis que je suis né, j'ai vécu ces conflits qui ont forcément influé sur la forme et le fond des mes écrits», explique-t-il. Cet homme de lettres rêve d'écrire des histoires de fiction, mais la réalité prend le dessus, sachant que son pays est à feu et à sang. La douleur de son pays revient comme un leitmotiv. Revenant sur son expérience dans l'écriture romanesque, il est convaincu que le véritable écrivain doit se positionner du côté des victimes. «Il faut, dit-il, se concentrer sur des histoires simples et personnelles à la fois, brossant le vécu lors de ces conflits. Le récit journalistique quantifie les victimes en chiffres. Il faut écrire des millions de romans pour dénoncer ces conflits existant dans les pays arabes. Le romancier doit être aux côtés des plus faibles pour raconter leurs histoires. La priorité majeure est de croire à cette authenticité pour transmettre et alléger la douleur de l'autre. Le romancier a également la responsabilité de défendre les valeurs humanistes de la littérature.» Pour l'orateur, il est nécessaire pour tout romancier, voulant aborder la thématique des conflits, de prendre du recul. De son côté, le poète et journaliste algérien à la radio locale de M'Sila, Khaled Ben Salah, a mis l'accent, dans son intervention, sur la dimension humaniste de sa poésie. Le défunt poète palestinien, Mahmoud Darwich, dit-il, reste une référence pour plus d'un. Ce dernier, profondément engagé dans la lutte de son peuple, a su transmettre la souffrance de ses compatriotes. Khaled Ben Salah explique que sa propre poésie n'est que le résultat de la violence des années 1990, suivie de tous les crimes sanguinaires qui ont été commis. «Cette notion de conflit, on la retrouve même dans le rêve. C'est un exutoire, car elle permet de restituer fidèlement la mémoire individuelle de cette décennie sanglante. Il ne s'agit pas de glorifier la tristesse ou la mort, mais d'arriver à communiquer la marque inconsciente que les années 1990 ont laissée comme séquelles dans la mémoire des Algériens», conclut-il.