Zohra Dik vient de publier aux Editions Baghdadi un nouveau roman, Kaliloun mi al aybi yakfi (Un peu d'indécence suffirait). « Il m'est toujours difficile de parler de mes livres. Quand j'écris, je suis en fusion avec mes personnages. Je suis dans un état second, dans un autre univers. Ce dernier roman est une véritable tranche de vie. Une tranche du vécu de l'Algérien. J'évoque dans ce livre l'être Algérien. Je n'évoque pas le lieu. Je suis malade de la tristesse que je vois dans les yeux de l'algérien », nous a-t-elle déclaré, en marge d'un débat sur les femmes romancière arabes au Salon international du livre d'Alger (SILA). Zohra Dik est traumatisée par le fait que l'algérien sente quelque chose mais ne peut l'exprimer, ne peut le traduire ou le nommer. « Je sens qu'on a volé le bonheur à l'Algérien. Il vient de l'histoire des douleurs et des tristesses. Je ne donne ni conseil dans mon roman ni je participe à rendre plus beau le vécu. J'appelle l'Algérien à tenter d'autres rêves, d'autres expériences », a-t-elle précisé. Tenter d'autres vies peut, selon elle, rendre plus heureux l'Algérien. « Mon personnage central est étrange et cynique. J'aime bien user de la satire. Je veux écrire comme j'aime lire. Il a y certains romans, des plus grands noms de la littérature algérienne et arabe, que je n'ai plus envie de lire. Avant d'être auteure, je suis d'abord lectrice. J'imagine que chaque lecteur ressent ce que je ressens », a souligné Zohra Dik. Aussi, la romancière a usé d'un style simple, dynamique, à la manière des footing writers. Cette simplicité n'a pas gommé la dimension humaine et philosophique. « Nous sommes en tant qu'Algériens habités par la politique. Mon roman n'y échappe pas. La politique nous a été imposée par la force des choses », a-t-elle relevé. La politique est, selon elle, partout. « Cela dit, mes écrits ne sont ni politiques ni historiques. Je ne sais même pas comment classer mes textes. Mais je crois que c'est une écriture actuelle, humaine, ouverte sur l'univers », a avoué la romancière. Elle refuse avec vigueur la qualification de « littérature de l'urgence ». « C'est un qualificatif inventé après des jugements hâtifs. Il n'existe pas de littérature lente ou de littérature rapide. Les conditions d'écriture peuvent influer mais la littérature doit être prise comme elle est », a relevé Zohra Dik, qui est également poète. « La poésie ne me suffit pas » a-t-elle confié.