Rencontres informelles, contacts permanents et tentatives de rapprochement… Les responsables des différents partis islamistes algériens se montrent, ces derniers jours, d'un activisme débordant. Ils veulent, semble-t-il, forcer le destin pour réaliser leur «union sacrée» devant les rapprocher de leur objectif suprême : l'arrivée au palais d'El Mouradia qui les fuit depuis plus d'une vingtaine d'années. Estimant que le règne du président Bouteflika est «à son crépuscule», les chouyoukh islamistes algériens ne veulent plus perdre de temps. En attendant la nouvelle «lune politique», dont l'apparition se confirmera en 2014, le MSP de Abderrazak Makri, Ennahda de Fatah Rebiaï, El Islah de Djahid Younsi, le Front du changement de Abdelmadjid Menasra et El Adala de Abdallah Djaballah mènent actuellement une véritable course contre la montre pour transcender leurs anciens clivages. Le chef d'orchestre est le nouveau président du MSP, Abderrazak Makri, 53 ans. Dès son intronisation à la tête du parti, ce dernier a pris son bâton de pèlerin pour sillonner toutes les chapelles partisanes arborant l'étiquette islamiste pour prêcher en faveur de sa nouvelle stratégie. Il reprend langue avec le président du TAJ, Amar Ghoul, qu'il n'a pourtant pas ménagé lorsque ce dernier avait décidé de claquer la porte du MSP. Il se réunit avec Abdallah Djaballah qu'il n'a pas rencontré, selon les observateurs de la scène nationale, depuis plus de 20 ans. Le président du MSP a réussi à convaincre Abdelmadjid Menasra de rentrer au bercail et de laisser tomber son Front du changement (FC), mis en veille depuis les élections législatives du 10 mai 2012. Branle-bas de combat La récente visite en Algérie du chef du parti islamiste tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, a servi également pour renforcer cette démarche visant à fédérer tous les courants islamistes en Algérie en vue de réaliser un consensus autour d'une seule candidature à la prochaine présidentielle. Et Rached Ghannouchi leur a désigné le profil «idéal», en l'occurrence Abderrazak Makri qu'il a qualifié «d'homme apte à assumer la fonction présidentielle». Mais pour l'instant, ni Abderrazak Makri ni aucun autre responsable de cette mouvance n'ont affiché leurs ambitions. Ils ne souhaitent pas abattre toutes leurs cartes avant de consolider leur bloc. Pour eux, la priorité est pour l'engagement d'une réflexion autour des mécanismes devant asseoir cette union rêvée depuis l'avènement du pluralisme. Et ce principe est déjà accepté. Chacun des partis se revendiquant de cette mouvance devrait élaborer ses propositions à soumettre à débat lors des prochains conclaves, en vue de peaufiner leur stratégie qui leur permettra de peser sur la prochaine joute électorale. Echaudés par leur cuisant échec aux législatives de 2012, les leaders islamistes veulent, selon toute vraisemblance, mettre un terme à leur division pour arriver au pouvoir. Atteindront-ils leur objectif ? Vont-ils présenter un candidat unique à la prochaine présidentielle ?