Depuis quelques jours, la population de Béchar s'interroge sur l'arrivée d'un grand nombre de réfugiés subsahariens, composé essentiellement de femmes et de jeunes filles. Ces nouveaux arrivants, qui ont débarqué dans la ville à la surprise générale, déambulent et font la manche à travers les artères commerçantes du centre-ville et en particulier aux arrêts de bus et autour des mosquées. Ce sont surtout les jeunes filles, circulant pieds nus et mal habillées, auxquelles échoit l'ingrate tâche de monter dans les autocars de transports urbains de la périphérie avant leur départ, pour quémander quelques dinars en usant du mot «sadaka», le seul qu'elles prononcent afin d'apaiser leurs souffrances. Combien sont-elles ? D'où viennent-elles ? Du Niger ou du Mali ? Sont-elles victimes des effets collatéraux de la crise malienne ? Autant de questions qui demeurent jusqu'ici sans réponse malgré nos tentatives, il y a une dizaine de jours, d' approcher des services compétents de la sûreté de wilaya pour en savoir plus sur ces réfugiés. Ces services sont censés contrôler le mouvement migratoire des étrangers installés en situation régulière et ceux accueillis provisoirement. En tous les cas, aucune structure d'accueil n'a été mise en place pour recevoir ces migrants livrés à eux-mêmes, endurant une souffrance exprimée à travers le regard perdu des femmes les plus âgées et les haillons que les plus jeunes portent. Tard le soir, ces réfugiées élisent domicile et se regroupent à proximité de la mosquée à Haï Salem, dans le quartier Mer Niger. La population locale se solidarise autour d' eux et constate, malheureusement, que les Subsahariens sont venus grossir les rangs des mendiants locaux, dont le nombre aussi ne cesse de s'accroître. Pourtant, l'ancien ministre de la Solidarité et de la Famille, Saïd Barkat, en visite dans la wilaya en 2010 et 2011, interpellé à ce sujet, avait, en s'en souvient, indiqué que son département préparait un projet de loi interdisant la mendicité en Algérie et qu'il allait le proposer devant l'APN pour son adoption. Le projet en question non seulement n'a jamais vu le jour et «son initiateur» a été nommé entre-temps sénateur du tiers présidentiel !