L'accord des états du G8 sur la nécessité de refuser le payement des rançons contre la libération des otages a été unanimement saluée. Le groupe de travail sur le Sahel, coprésidé par l'Algérie et le Canada dans le cadre du Forum global de lutte contre le terrorisme (FGLTC), dont le comité de coordination de niveau stratégique est coprésidé par les Etats-Unis et la Turquie, s'est réuni, hier à Oran, pour étudier, pendant deux jours, les mécanismes de renforcement des capacités des pays de la région. Renforcement qui signifie plus de coopération internationale dans plusieurs domaines de la vie politique et sociale et pas uniquement sécuritaire. A propos de ce dernier aspect, la prise en compte par le G8 de la nécessité de refuser le payement des rançons contre la libération des otages, une des sources de financement du terrorisme, a été unanimement saluée par les participants qui l'ont considérée, en plénière ou en aparté, comme une avancée même si la concrétisation sur le terrain n'est pas encore un fait totalement acquis. Le point a été soulevé notamment dans l'intervention inaugurale de Belkacem Sahli, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l'étranger, qui a évoqué également le mémorandum d'Alger sur les bonnes pratiques, un document cité dans la décision du Conseil de sécurité de l'ONU en avril dernier concernant la situation au Mali. Sabine Nolke, du ministère des Affaires étrangères canadien, coprésidente du groupe, a suggéré «des discussion franches et constructives sur la façon de continuer à lutter et d'apprendre de nos erreurs». Elle a évoqué l'épisode de la prise d'otages de Tiguentourine pour situer l'ampleur de la menace. «Les événements tragiques d'In Amenas ont illustré de manière brutale en quoi consiste le défi, et les peuples du monde attachés à la liberté ainsi que les Canadiens ont été profondément attristés par cette attaque lâche», a-t-elle déclaré à l'ouverture. Pour Rezzag Bara, conseiller auprès du président de la République et coprésident, «il faut évaluer la situation en fonction des nouvelles données, c'est-à-dire l'élargissement des activités des groupes terroristes et leur enracinement en Afrique avec des liens avérés avec le crime organisé, ce qui constitue un danger pour la communauté internationale et la cohésion politique et sociale des pays du Sahel». La confiance et le consensus international sont les préoccupations de l'Espagnol Benedito Sanchez, ambassadeur pour le Sahel. «Je suis optimiste quant à l'amélioration de la situation au Mali, mais il y a la dimension régionale et il ne faut pas oublier que l'Algérie joue un rôle important que nous apprécions», indique-t-il pour ensuite s'inquiéter de la prolifération d'armes, une question fondamentale à prendre en considération. La stabilité au Mali est une étape importante dans la lutte contre le terrorisme, a souligné Fransisco Madeira, représentant spécial du président de l'Union africaine (UA). «Nous sommes contents et satisfaits que le gouvernement de Bamako soit arrivé à une entente avec le MNLA et les autres groupes, et nous espérons que les élections se tiendront parce que nous avons besoin d'un gouvernement et d'un président légitimes, mais c'est seulement un premier pas, car il restera la réconciliation à faire», a-t-il dit. Concernant le cas posé des pays qui payent les rançons aux terroristes, le représentant de l'UA qui œuvre pour que tous les pays africains adoptent des lois nationales qui criminalisent cet aspect du problème dira : «Avant, les partenaires ne nous entendaient pas et peut-être ne nous comprenaient-ils pas, mais aujourd'hui, ce sont eux-mêmes qui disent qu'il ne faut pas payer les rançons. C'est très positif. Il faut continuer à engager tous les pays.» Gilles de Kerchove, coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, note qu'il y a maintenant un consensus qui émerge à l'échelle internationale pour bannir les rançons, mais estime que cela diminue. «Il n'est pas impossible que les groupes terroristes, comme AQMI ou le Mujao, soient tentés de verser dans le trafic d'armes, la contrebande de cigarettes, peut-être même le haschisch.» Pour lui, les interactions entre groupes terroristes et réseaux de criminalité font que tous les deux se renforcent et contribuent à l'affaiblissement de l'Etat. Aujourd'hui, la situation dans le sud de la Libye préoccupe à un plus haut point, car cette région, avec ses camps d'entraînement avérés, tend, selon lui, à devenir un nouveau sanctuaire, une base de repli. D'où l'initiative évoquée de l'UE d'envoyer une mission de 60 formateurs, 60 experts pour le contrôle des frontières. «Mais il faut faire beaucoup plus», prévient-il. Critique, il estime qu'il n'y a pas d'organisations régionales qui soient tout à fait adaptées à la situation avec la Cédéao ne couvre pas entièrement la région et l'Union du Maghreb arabe qui n'est pas encore franchement performante. «Il faut être imaginatif et trouver des plateformes de coopération, des mécanismes comme le collège sahélo-saharien de sécurité», a-t-il suggéré. Mais l'approche est aussi préventive en aidant un pays comme le Mali à renforcer son réseau de radios locales pour encourager le débat démocratique.