De mémoire d'immigrant algérien au Canada, c'est la première fois qu'un député de l'émigration donne signe de vie après son élection. Depuis 1997, année à partir de laquelle l'APN accueille des représentants des Algériens de l'étranger, aucun «élu du peuple» n'a daigné se déplacer pour rencontrer ses électeurs à Montréal. Une ville dans laquelle réside la majorité des Algériens du Canada. Ils sont estimés à près de 100 000, dont quelque 2500 dans la grande région de Toronto, dans la province anglophone de l'Ontario, et un autre millier en Alberta. L'acte du député FFS, Belkacem Amarouche, en lui-même, n'a rien d'extraordinaire, mais tranche avec les mœurs des députés algériens plus enclins à entériner automatiquement les textes proposés par le gouvernement et, accessoirement, s'attaquer aux journalistes en plein hémicycle. C'est à l'invitation de l'association des Amis de l'Algérie plurielle, créée en mars dernier, que le député de la zone Europe hors France et des Amériques a animé, hier, une rencontre-débat avec les membres de la communauté algérienne du Canada. Une rencontre qui s'est tenue au quartier Le Petit Maghreb en présence de la députée fédérale canadienne d'origine algérienne Sadia Groguhé, du Nouveau parti démocratique (NPD). Une rencontre suivie d'un passage à l'émission Taxi Maghreb de Radio centre-ville de Montréal. Belkacem Amarouche a reconnu dès le début que le changement en Algérie ne viendra pas de l'APN elle-même, mais plutôt de la mobilisation citoyenne. Reprenant la rhétorique du FFS, celui qui a été le plus jeune secrétaire national du parti de Hocine Aït Ahmed a rappelé la nature pédagogique de la participation de son parti à l'actuelle Assemblée. Il a estimé que le changement ne se fera pas obligatoirement avec le pouvoir actuel encore moins avec la violence, tout en reconnaissant les limites de la voie pacifique. «Nous faisons de la politique tout en respectant l'unité nationale. Parce que l'environnement international ne nous est pas favorable du tout. Nous ne voulons pas fragiliser l'Algérie. Tout en étant actifs, nous sommes les garde-fous de cette unité nationale», a estimé ce natif de Bordj Bou Arréridj qui vit depuis une quinzaine d'années en Belgique. S'il se réjouit des 50 ans du FFS qui seront célébrés le 29 septembre prochain, Belkacem Amarouche, l'est moins devant le bilan des 50 ans d'indépendance. Pour lui, c'est un demi-siècle d'échecs. «Le pouvoir algérien a détruit l'Algérie en 50 ans. Il faudrait repenser le projet Algérie», estime ce juriste. L'émigration algérienne pourrait y jouer un rôle. L'Etoile nord-africaine, à la naissance du nationalisme algérien, n'a-t-elle pas été fondée par un noyau d'émigrés en France ? Il faut reconnaître que l'assistance n'était pas acquise, loin de là. Mais l'orateur a eu l'intelligence de saisir rapidement les profils des présents et d'interagir harmonieusement avec.