Vingt-quatre heures après son interdiction de sortie du territoire, le directeur de la publication des quotidiens Mon Journal et Djaridati, Hichem Aboud, a été invité à s'expliquer devant le juge. Il a été convoqué, jeudi dernier, par le doyen des juges d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed (Alger) dans le cadre de l'enquête ouverte contre lui, le 19 mai dernier, par le procureur de la République pour «atteinte à la sécurité de l'Etat, à l'unité nationale et à la stabilité et au bon fonctionnement des institutions». «Le doyen des juges d'instruction ne m'a rien dit sur l'ISTN (interdiction de sortie de territoire national) qui m'a été signifiée à l'aéroport mercredi dernier. Pour ma part, je considère que cette interdiction est contraire à la Constitution qui garantit dans son article 44 le droit à la circulation pour les citoyens algériens. Elle est aussi en contradiction avec l'article 13 de la convention internationale des droits de l'homme», affirme Hichem Aboud que nous avons contacté hier. Selon lui, le doyen des juges d'instruction s'est contenté de lui présenter l'accusation. «Je lui ai dit que je rejette catégoriquement cette accusation, car la sécurité de l'Etat, son unité nationale et la stabilité de ses institutions ne peuvent être remises en cause par les déclarations faites par une personne à un média», explique-t-il, précisant que l'instruction est actuellement en cours. Dans un communiqué rendu public hier, Hichem Aboud revient longuement sur les détails de cette audition. Il affirme que les informations publiées par Mon Journal et Djaridati sur l'état de santé du président Bouteflika se sont confirmées. «L'information sur le retour du Président en Algérie s'est confirmée à travers la publication par un journal proche du pouvoir des photos de la cérémonie de signature des décrets présidentiels qui ont été paraphés à Alger le 19 mai dernier, c'est-à-dire le jour même où mes deux quotidiens ont été censurés», explique-t-on dans le communiqué. Hicham Aboud, lit-on dans le même document, a rappelé également au doyen des juges le contenu des deux communiqués de la Présidence publiés depuis le transfert du chef de l'Etat à Paris. «Le premier communiqué de la Présidence affirmait que le président de la République a été transféré à Paris pour des soins suite à un AIT sans séquelles, dont il a été victime le 27 avril. Dans le second communiqué, la Présidence affirme que le chef de l'Etat a eu un AVC qui nécessite une réadaptation fonctionnelle. Cela confirme les informations publiées par Mon Journal et Djaridati selon lesquelles un AVC se solde par un coma et laisse des séquelles. De ce fait, il paraît que le Président a eu un AVC après le 19 mai», explique-t-on. Selon le communiqué, Hicham Aboud rappelle également que les séquences diffusées par l'ENTV montrant le président Bouteflika aux Invalides, entouré du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, corroborent ce qui a été publié par les deux journaux. «Elles (les séquences) montrent le président Bouteflika atteint d'une paralysie au niveau de sa main droite. Mais nous ne l'avons pas vu debout, comme nous l'avons pas entendu parler», explique le directeur de Mon Journal et Djaridati dans son document.