La proportion de personnes ayant indiqué avoir dû mendier est passée à 9% en avril/mai, contre 5% en mars. Et 82% des personnes interrogées par l'ONU ont diminué leurs achats de produits frais et de viande. La situation humanitaire en Syrie est actuellement des plus désastreuses. Les sanctions imposées par les Etats-Unis, les pays arabes et l'Union européenne en principe pour punir le régime de Bachar Al Assad affectent, en réalité, gravement les Syriens dans leur ensemble. Cette semaine, l'ONU a tiré une nouvelle fois la sonnette d'alarme, après une enquête menée auprès de 105 familles dans sept gouvernorats syriens. Les Syriens se voient de plus en plus obligés de «mendier» ou de faire travailler leurs enfants pour «pallier la détérioration totale de leurs conditions de vie», a averti le Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM). La proportion de personnes ayant indiqué avoir dû mendier est passée à 9% en avril/mai, contre 5% en mars. Et 82% des personnes interrogées par l'ONU ont diminué leurs achats de produits frais et de viande. Ce constat est d'ailleurs corroboré par la presse officielle. Selon les médias syriens, les prix des produits de première nécessité ont augmenté de 200 à 300% ces derniers mois, mais d'après des habitants, la hausse a été encore plus vertigineuse ces quatre dernières semaines, atteignant 400%. Le gouvernement syrien a augmenté à plusieurs reprises les tarifs du carburant, ce qui a eu «un impact significatif» sur le niveau général des prix propulsés à des niveaux jamais atteints. Les Syriens sont aussi désorientés par la chute libre de leur monnaie qui a perdu les trois quarts de sa valeur par rapport au dollar (200 SYP contre 50 SYP en 2011, selon le cours du marché). D'après les experts de l'ONU, l'impact de la crise a en effet été énorme sur l'économie. Pour preuve, les investissements, le tourisme et le commerce extérieur sont proches de zéro. La production pétrolière, importante source de devises, a chuté de 95%. La Banque mondiale a estimé la chute du PIB syrien en 2012 à 30%. Elle prévoit une baisse supplémentaire de 10% en 2013. Au plan sécuritaire, la situation tourne désormais à l'avantage des troupes loyalistes. L'armée syrienne regagne du terrain L'armée régulière syrienne a ainsi repris le contrôle de la partie nord-ouest du camp Sayeda Zeinab dans la banlieue de la capitale Damas, a rapporté hier l'agence de presse SANA. «L'armée a totalement contrôlé la partie ouest du camp (Sayeda Zeinab) jusqu'au complexe des écoles et au rond-point de Sbeineh après avoir liquidé les derniers éléments des rassemblements des terroristes et saisi leurs armes», a déclaré une source responsable citée par Sana. En outre, une source responsable a indiqué qu'une unité de l'armée a «avorté la tentative d'un groupe terroriste armé (...) de prendre d'assaut la prison centrale d'Alep, liquidant ou blessant la plupart de ses éléments». A l'extérieur de Damas, l'armée syrienne poursuivait hier aussi ses bombardements contre les quartiers assiégés de Homs pour la 9e journée consécutive. Selon certaines sources, Damas serait sur le point de contrôler totalement cette ville stratégique. Sur le plan diplomatique, la situation demeure toujours au point mort malgré la décision de Moscou et de Washington de faire revenir Damas et l'opposition syrienne à la table des négociations. La raison du blocage ? Les Etats-Unis ont une opinion diamétralement opposée sur le rôle de Téhéran dans le conflit syrien. Et sur ce point, la Russie – qui tient à la présence de l'Iran à Genève 2 – ne semble pas vouloir faire de concessions. A ce propos, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a déclaré samedi que l'Iran devrait absolument prendre part à la deuxième conférence internationale de paix sur la Syrie (Genève 2). «Ce pays est reconnu par tout le monde comme un acteur régional de poids dans le conflit syrien», a-t-il indiqué dans une interview à la version arabe de la chaîne de télévision Russia Today (RT). Selon Moscou, la conférence de paix dite Genève 2 doit réunir tous les voisins de la Syrie, c'est-à-dire les pays qui influent directement sur la situation dans ce pays, estime M. Gatilov. «Il s'agit de la Jordanie et du Liban, il s'agit bien entendu de la Ligue arabe, de l'Arabie Saoudite et du Qatar. L'Iran a le même droit de prendre part à ce forum», a affirmé le diplomate. «La participation d'une puissance régionale aussi importante que l'Iran pourrait apporter un élément positif et contribuer au règlement politique», a conclu le vice-ministre. A rappeler qu'en plus de deux ans, le conflit en Syrie a fait, selon l'ONU, plus de 80 000 morts et plus d'un million de réfugiés. Et le risque est grand maintenant de voir la guerre s'étendre à d'autres pays de la région si une solution politique à la crise n'est pas trouvée très vite.