Qui sont ces sources anonymes qui alimentent en rumeurs certains médias algériens de la presse écrite et des sites électroniques sur le retour «imminent» du président Bouteflika en Algérie qui s'est à chaque fois révélé un flop ? Et surtout qui est derrière ce plan média digne d'un polar de série B ? Depuis quelques semaines, il ne se passe pas un jour sans que l'on annonce «dans les prochains jours», puis, sur le ton de la certitude en avançant des dates précises, le retour de Bouteflika au bercail. Les événements et les célébrations qui ont jalonné la vie nationale au cours de ces dernières semaines ont fourni de la matière aux «sources» ès qualités chargées de répandre la rumeur avec la complicité et la bienveillance des médias qui se prêtent à ce jeu stupide qui tourne au pathétique. On l'avait annoncé de «sources sûres» de retour au pays à plusieurs occasions, où sa présence en Algérie s'imposait. D'abord pour recevoir, à la mi-juin, le chef du gouvernement turc, M. Erdogan, puis lors de la célébration de l'anniversaire de l'indépendance, le 5 juillet, notamment pour présider la cérémonie protocolaire de remise de grades aux officiers supérieurs promus, organisée traditionnellement au ministère de la Défense nationale. Une cérémonie qu'il n'a jamais ratée. Les effets d'annonce se multiplient et le Président est toujours aux abonnés absents. Arrive le mois sacré du Ramadhan présenté comme le test de la vérité et de la révélation. Au troisième jour du jeûne, toujours pas de signaux de fumée à l'horizon. Le guet de la presse aux domiciles du Président à la veille du Ramadhan n'a pas permis d'en savoir davantage sur le sujet, sinon de rapporter des détails sur le dispositif sécuritaire déployé aux abords que l'on tente d'interpréter comme le signe évident d'un événement majeur qui s'y prépare. Toute cette mise en scène commence à lasser et à porter un grave préjudice à la crédibilité de la presse qui se fait le relais d'une détestable campagne de désinformation, de bonne foi, ou en tant que maillon de la chaîne de propagande. Mais là n'est pas le plus important. La rumeur a toujours existé et existera toujours en Algérie et ailleurs. La vraie question qui vaille, c'est de connaître la source de la rumeur et pour quel objectif elle est lancée et entretenue depuis voilà maintenant plus de deux mois. Car à bien analyser le phénomène dans sa récurrence, il apparaît clairement que rien n'est fortuit dans ce qui s'est dit et écrit autant sur l'état réel de la santé du Président que sur la question de son retour. Il y a derrière les informations savamment distillées, destinées à la consommation intérieure mais aussi à l'adresse des partenaires de l'Algérie, une stratégie de la communication réfléchie. Laquelle est mise en œuvre dans les cercles proches de Bouteflika et exécutée par des relais officiels et officieux via des supports médiatiques connus pour leur proximité avec le pouvoir et des journalistes réputés bien sourcés sur tout ce qui concerne l'information institutionnelle pour donner du crédit à la rumeur. C'est connu des spécialistes de la communication : la rumeur tue l'information. Et c'est, selon toute vraisemblance, le but recherché. Le recours à la rumeur est utilisé aussi pour agir sur l'opinion avec cet effet d'antidote destiné à gagner du temps en jouant la montre dans une parfaite maîtrise du temps et de l'exploitation des événements.