Le ministère de la Communication a publié, le 3 mai, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse, un Carnet des médias, qui retrace, chiffres à l'appui, l'évolution du paysage médiatique national depuis l'avènement de la presse privée en 1990. En l'absence d'un organisme de contrôle et de diffusion des médias, les données fournies par les services du ministère de la Communication présentent l'avantage d'apporter un premier élément de lisibilité et de visibilité dans le secteur de la presse écrite, dont la gestion est entourée, pour le moins, d'une grande opacité. Conçu avec le concours du Centre national de documentation de presse et d'information (CNDPI) et des imprimeries publiques (SIA, SIO et SIE), le document du ministère de la Communication fournit, à titre d'exemple, un état détaillé des tirages des 43 quotidiens nationaux - publics et privés - qui meublent le paysage médiatique national Au-delà des lectures qui peuvent être faites concernant le timing choisi par les pouvoirs publics pour rendre publiques des informations qu'ils ont longtemps mis sous le coude et le but assigné à leur initiative, les statistiques divulguées par le département de la communication ont cet avantage, en effet, de rendre compte de la place et du poids de chaque titre dans le paysage médiatique national. Ces éléments de hiérarchisation participeront, sans aucun doute, de l'avis de nombreux observateurs, à mieux appréhender la réalité de la presse algérienne, cela dans la mesure où sont rares, encore, les titres qui communiquent, volontairement, l'état de leurs tirages. Toutefois, la classification apportée dans la sphère médiatique par les statistiques du ministère de la Communication ne sera pas définitive tant que les autorités n'auront pas ouvert et traité le lourd dossier des dettes contractées par les journaux auprès des imprimeries publiques. En attendant, et contrairement aux réactions de rejet et de protestation suscitées par la pléthore d'études traitant de la presse écrite commandées à des boîtes de sondages étrangères installées à Alger, il est peu probable que les chiffres fournis par le département de la communication (un portefeuille qui n'est détenu actuellement par aucun ministre) fassent l'objet de grandes contestations pour la simple raison qu'ils ont été puisés à la source : les imprimeries publiques. Ces sociétés, aux coups de gueule rares, ont l'insigne privilège de connaître, sur le bout des doigts, une partie de la face cachée de la presse algérienne.