La crise qui couve au sein du Front de libération nationale (FLN) prend une nouvelle tournure. La division gagne même l'une des instances du parti qui affichait, jusque-là, une certaine cohésion, en l'occurrence le bureau politique. Des membres de cette structure se rebiffent et contestent les décisions prises par le coordinateur du parti, Abderrahmane Belayat, qui gère la maison de l'ex-parti unique depuis six mois. Mais il semblerait que le statu quo induit par la destitution du secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, et la maladie du président Bouteflika, qui est aussi le président d'honneur du parti, agacent les cadres et les militants. Et les choses ont commencé à bouger dès le retour du chef de l'Etat. A l'initiative de Kassa Aïssi, chargé de communication du parti, 9 membres sur les 14 que compte le bureau politique se sont réunis, samedi après-midi, au siège national du parti. Il s'agit, en plus de Kassa Aïssi, des ministres Amar Tou, Tayeb Louh, Abdelaziz Ziari et Rachid Harraoubia ainsi que Madani Berdai qui a donné procuration à Mohamed Allioui, Leïla Tayeb et Habiba Bahloul. En revanche, Abdelhamid Si Affif, Abdelkader Mechebek, Abderrahmane Belayat, Layachi Daâdouaâ et Abdelkader Zahali étaient absents. «Le bureau politique devrait se réunir chaque 15 jours, mais il ne s'est pas réuni depuis 6 mois. Or, sans la réunion du bureau politique aucune décision ne pourrait être avalisée», explique Kassa Aïssi, qui affirme avoir contacté tous les membres du BP, y compris Abderrahmane Belayat. Selon lui, à l'issue de cette rencontre, «les présents ont décidé de tenir une réunion statutaire du bureau politique prochainement». «Toutes les décisions qui ont été prises en dehors des réunions statutaires du BP ne nous concernent pas», explique encore Kassa Aïssi. Quelles sont ces décisions ? Les membres en question contestent notamment les désignations des représentants du parti au sein de l'Assemblée populaire nationale (APN) ainsi que le nouveau chef du groupe parlementaire. Belayat : «Je ne suis pas près de me dessaisir de mes prérogatives»
Le coordinateur du FLN, Abderrahmane Belayat, tient à ses décisions et ses prérogatives. «Ce sont les textes du parti qui m'ont donné ces prérogatives et personne ne peut me les enlever. Et moi je ne suis pas près de m'en dessaisir», lance-t-il. Abderrahmane Belayat affirme également que la convocation des réunions du bureau politique relève de ses prérogatives et aucune autre personne ne peut décider à sa place. «Je n'ai délégué personne pour convoquer une réunion du BP à ma place. Je n'ai pas été informé de la tenue de cette rencontre. Seul Kassa Aïssi m'a informé par SMS. On ne convoque pas des réunions par SMS», soutient-il, en s'interrogeant sur l'objectif de la réaction de ses collègues du bureau politique qui intervient 20 jours après la désignation du nouveau chef du groupe parlementaire et des représentants du parti à l'APN. «La décision de désigner ces représentants a été prise après consultation de tous les membres du bureau politique, sans exception. A l'exception de Tayeb Louh, tout le monde avait accepté. Donc, je ne vois pas où sont les décisions personnelles», ajoute-t-il. Abderrahmane Belayat relève, dans la foulée, que certains membres du BP ont des ambitions personnelles. «Habiba Bahloul est députée. Je l'ai consultée et elle n'avait rien dit au début, car elle convoitait un poste. Comme elle est déjà membre du Parlement africain, le règlement que nous avons adopté interdit le cumul de fonctions et l'empêche, de ce fait, de postuler à une responsabilité à l'APN», explique-t-il. Cependant, le coordinateur du FLN se dit disposé à recevoir les propositions des contestataires et à prendre en considération leurs avis.