C'est à une arrivée tout simplement grandiose que le public parisien a eu droit, dimanche, sur les Champs-Elysées. Pour marquer l'événement, le 100e Tour de France, pour la première fois de son histoire mouvementée, a bouclé la boucle en soirée. Le Britannique Chris Froome, 28 ans, né à Nairobi (Kenya), surnommé de ce fait le Kenyan blanc, a remporté le 100e Tour, inscrivant ainsi en lettres d'or son nom au palmarès de la plus prestigieuse épreuve cycliste au monde. Prestigieuse, certes, mais avec un côté très sombre. Froome a gagné en surclassant tout le monde, surtout en montagne où ses accélérations foudroyantes, bien assis sur la selle et non pas en danseuse, laissant sur place un champion comme l'Espagnol Alberto Contador, ont désagréablement surpris suiveurs et spectateurs.Le doute s'étant alors insinué dans les esprits, Froome a été copieusement sifflé au mont Ventoux. Depuis, il ne cesse de clamer à qui veut l'entendre qu'il est «propre» dans sa tête et dans son corps. Vainement. On applaudit le vainqueur mais du bout des doigts, sans faire de bruit, tant l'ombre immense de Lance Armstrong a assombri le peloton du Tour pour longtemps. L'Américain, roi des menteurs et des tricheurs, a remporté sept fois le Tour avant de reconnaître, une fois fortune faite sur la naïveté du public, qui ne peut vivre sans héros, qu'il s'était dopé à tout-va. Des aveux faits à la télévision, à la face de l'Amérique, les yeux dans les yeux, avec un culot monstre. Comment alors ne pas penser que dans quelques jours, quelques semaines, quelques mois, quelques années, on nous dira que Froome aussi était «chargé» ? Que les organisateurs du Tour le veuillent ou pas, leur épreuve sera marquée au fer rouge pendant longtemps. Eux qui ne pouvaient pas ne pas avoir vu ce qui se passait dans le peloton. Qui ne peuvent pas dire, maintenant, qu'ils ne savaient pas. Mais, faisons leur confiance. Ces adeptes inconditionnels du «tout va bien, madame la marquise» et des trois singes, useront de tous les subterfuges possibles pour éviter la mort de leur poule aux œufs d'or. Quant à la santé du peloton, ce n'est pas leur problème. Le Tour est mort, vive le Tour !