Le président de l'APN a décidé de mettre, à partir d'hier, tout le personnel administratif en congé forcé, ce qui n'a pas cessé d'intriguer plus d'un et de susciter des spéculations parmi les députés. De l'avis des observateurs, la prochaine session d'automne du Parlement s'annonce d'ores et déjà tumultueuse. Septembre donnera en effet le départ de la campagne pour la présidentielle. Le président de l'Assemblée, Mohamed Larbi Ould Khelifa, a décidé de mettre de l'ordre dans la maison APN. Dans une instruction adressée, il y a une semaine, aux différents services de l'hémicycle, Ould Khelifa oblige le personnel administratif à partir en congé à partir d'hier. Cette démarche, qui a intrigué plus d'un, suscite moult interrogations parmi les fonctionnaires qui l'ont diversement appréciée. Pour certains, cette décision met fin à l'anarchie et la désorganisation qui règnent, depuis plusieurs années, au sein de cette institution. Avis non partagé par d'autres qui estiment que cette démarche répond à une autre logique d'ordre purement politique. Les parlementaires adhèrent à cette dernière hypothèse. Pour les députés, il n'y a aucun doute, ce remue-ménage est fait pour mieux canaliser la prochaine session qui s'annonce «importante» au regard des projets de loi qui seront au menu, notamment (l'improbable) révision de la Loi fondamentale du pays et le projet de loi de finances 2014. La session sera également houleuse et verra, de leur avis, une guerre de tranchées entre les différents partis qui ambitionnent de présenter un candidat pour l'élection présidentielle de 2014. Les députés exploiteront la tribune de l'APN pour faire campagne pour des candidats de leurs partis respectifs ou pour un éventuel «candidat du consensus». «Tous les partis siégeant à l'APN vont exploiter les séances de débat autour de la loi de finances et celles sur la Constitution pour passer des messages et louer les mérites de leur postulant. Les islamistes s'y préparent d'ores et déjà», explique un député du RND. Les parlementaires d'El Islah et ceux du MSP sont à pied d'œuvre et la concurrence sera de mise entre eux et les proches du cercle du pouvoir représentés par les députés de TAJ dirigé par Amar Ghoul et ceux du MPA présidé par Amara Benyounès. «Les partisans d'un quatrième mandat pour Bouteflika vont peser de leur poids pour faire campagne au candidat du consensus ou à défaut celui imposé par le système. De notre côté, nous allons mener notre propre campagne», explique un élu du MSP. Cela confirme que les islamistes représentés par le MSP, qui fait partie de l'Alliance verte (MSP, El Islah et Ennahda), possède une feuille de route avec un candidat et un programme de campagne. Le FLN, qui vit une crise sans précédent, sera sommé, nous explique-t-on, de remettre ses pendules à l'heure de cette élection. Alors que le RND, qui a pu difficilement surmonter la crise, demeure dans l'expectative. «Pour l'heure, aucun militant n'a présenté sa candidature, nous attendons tous la tenue du congrès pour nous positionner sur cette élection», explique un député de cette formation. A la question de savoir si le RND aura son candidat et si l'ex-SG Ahmed Ouyahia sera de la course, notre interlocuteur affirme que le parti fera campagne pour le candidat choisi ! Par ailleurs, les députés sont persuadés que la prochaine session tentera de rattraper le retard occasionné en matière d'examen des projets de loi, et ce, en raison de la maladie du Président. A l'unanimité, l'on avance la programmation de la loi de finances complémentaire qui passera par ordonnance, le projet portant sur la Constitution et un débat autour de la loi de fiances 2014. Dans les coulisses de l'APN, les fonctionnaires commentent la décision de Ould Khelifa et reconnaissent l'existence d'un laisser-aller. «Avec le départ des députés en congé, il est évident que le personnel qui l'accompagne part également. Pourquoi mobiliser, en ce moment, un personnel qui n'est pas rentable», explique un responsable au sein de cette institution. Pour lui, ce personnel sera plus «utile à la prochaine session».