Une liste de 300 prénoms amazighs vient d'être adoptée par le ministère de l'Intérieur. Cette liste, publiée par le quotidien Liberté, s'ajoutera à la nomenclature de référence des prénoms dans le service de l'état civil. C'est lors de la dernière visite du Premier ministre à Tizi Ouzou que le gouvernement a décidé d'adopter cette liste. «C'est une première étape d'un long travail», explique Youcef Merahi, secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), contacté hier, qui a proposé une liste de près de 1000 prénoms pour actualiser la nomenclature de référence et mettre fin au tourment des familles qui se sont vu refuser l'inscription d'un de leurs enfants sous des prénoms berbères souhaités. Cette première liste de 300 prénoms concerne les prénoms usuels que certains agents de l'état civil s'entêtent à refuser. «Nous espérons que l'adoption de cette liste mettra un terme à l'excès de zèle de certains agents de l'état civil qui ne s'opposeront plus à l'inscription d'un nouveau-né sous un prénom choisi par ses parents.» La loi offre la possibilité aux parents d'inscrire leurs enfants sous des prénoms uniquement à consonance algérienne. La dernière nomenclature officielle date de 1981. La liste des prénoms a évolué selon plusieurs critères : quête identitaire ou effet de mode. Les APC ont traité différemment les choix des parents. Des APC refusent de valider certains prénoms alors que dans d'autres ils sont inscrits sans aucune embûche. M. Merahi rappelle le calvaire d'un père de famille de la commune de Aïn Touta à l'est du pays qui a voulu prénommer ses enfants Micipsa et Gaya. C'est uniquement après une longue bataille que ce père a obtenu gain de cause. Dans cette commune, des prénoms comme Ayatoulah Khomaini sont inscrits sans aucune réserve. Les cas de prénoms rejetés par la commune de Tizi Ouzou ont défrayé la chronique. «Les parents ont dû batailler au niveau du tribunal pour que les enfants portent les prénoms voulus.» Le HCA plaide pour des «états généraux de l'état civil» afin, explique M. Merahi, de recadrer par des spécialistes le travail sur les prénoms et mettre cet aspect à l'abri de tout enjeu en explicitant clairement le texte de loi définissant le prénom, de définir la consonance algérienne et respecter les dispositions de la Constitution dont certains agents de l'état civil ignorent l'article portant sur le caractère national de tamazight. Le HCA avait remis une liste de près de 1000 prénoms. Les pouvoirs publics ont décidé alors de réduire la liste à 300 prénoms, une moitié de prénoms féminins et l'autre moitié pour les prénoms masculins. Le HCA a émis en outre quatre réserves concernant notamment le respect de l'orthographe dans la transcription de l'arabe vers le latin ou le tamazight ou l'inverse. Youcef Merahi plaide aussi pour que les prénoms déjà inscrits soient considérés d'office comme des prénoms usuels dans l'administration.