La wilaya d'Alger compte plus de 140 cimetières. L'EGPFC (Etablissement de gestion des pompes funèbres et cimetières) gère, quant à lui, 45 cimetières dont 28 de confessions chrétienne et juive. Une virée, au cœur de quelques nécropoles, nous renseigne sur l'état d'abandon et de désolation. Rares sont les cimetières qui sont plus ou moins bien entretenus et à l'abri des dégradations. Combien de fois le président de l'Association pour la préservation des cimetières de la wilaya d'Alger (APCA), Mahmoud Arbadji, est monté au créneau pour stigmatiser les comportements aux antipodes de nos valeurs musulmanes. «Les cimetières sont abandonnés au point de devenir des lieux de rencontres de jeunes où ils s'adonnent à des vices.» «Les lieux sacrés sont devenus par endroits, un espace où des jeunes inconscients viennent se shooter, s'adonner à l'alcool avec le lot de propos malveillants qu'on entend par-ci, par-là», dira, non sans indignation, une dame venant se recueillir sur la tombe de son mari. Et un autre, accompagnant un être cher à sa dernière demeure, renchérit, non sans une pointe de dépit. «Nos morts ne forcent plus le respect», se désole-t-il, ajoutant qu'«au lieu de faire des prières pour le défunt pendant l'inhumation et invoquer le Tout-Puissant pour son âme, les gens ont pris la sale habitude de discutailler sur des futilités, ne trouvant rien de mieux que de s'étaler, dans ces moments de communion, dans des commentaires sur le Mouloudia ou parler business (…). On ne fait plus de distinguo entre un café, la rue et un cimetière». Contrairement au cimetière de confession autre que musulmane, le mort a droit au respect et à la dignité... Les fidèles observent des moments de prière et de recueillement pour leurs morts qui viennent de quitter ce bas monde dans un silence monacal. Dans un autre registre, au cimetière d'El Kettar, pour ne citer que ce lieu sacré, le visiteur se perd dans le dédale raviné de ses carrés et peine à retrouver la sépulture d'un de ses proches parents. Pourquoi ? Les tombes sont disposées ou reconstruites n'importe comment et envahies par les herbes folles et autres gravats laissés sur place après une opération d'excavation pour enterrer un défunt. Aussi, plus de 1200 tombes obstruent les passages de ce cimetière situé à flanc de colline et à cheval entre Bab El Oued, La Casbah et Oued Koriche. Bien qu'une opération de désherbage soit menée ces derniers jours, nombre de sépultures ont fait l'objet de sacrilège. Sans citer tous les d'autres cimetières gérés par les communes de la wilaya où des bandes de jeunes viennent s'y pinter.