Le niveau de l'instruction en Algérie serait-il faible au point de faire baisser la productivité et d'entraver le bon fonctionnement des entreprises et notamment des PME ? Au cours du colloque international sur la formation et la Petite et Moyenne entreprise organisé par le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) et l'organisation allemande Konrad Adenauer, il a été question de la mauvaise qualité de la formation en Algérie. Le niveau d'instruction entraverait l'économie algérienne et surtout la croissance des Petites et Moyennes entreprises (Pme). Le professeur Ahmed Bouyacoub, chercheur au Cread, a relevé, au cours de ce colloque, quatre faiblesses dont souffre le secteur de la Pme-pmi. Première faiblesse : le niveau général de l'instruction en Algérie. Sur l'ensemble de la population occupée, a souligné M. Bouyacoub, 30% sont analphabètes, 50% ont un niveau moyen et secondaire et seulement 5% ont un niveau d'instruction supérieur. La plupart des salariés des entreprises (+60%) ont ainsi un niveau inférieur ou égal au secondaire. Et les choses ne s'améliorent guère. Même s'il y a un progrès dans l'alphabétisation, l'indice de niveau d'instruction général reste en dessous des aspirations (il est à 0,71). Deuxième faiblesse : l'écart entre l'offre et la demande. Selon une enquête de l'Office national des statistiques (ONS), 46% des employés algériens estiment avoir un emploi qui ne correspond pas à leur formation. Plus grave encore, la médiocrité du niveau de formation a induit - troisième faiblesse - une baisse de la productivité. « C'est connu, un mauvais employé n'est pas productif », explique M. Bouyacoub. L'indice algérien du capital humain, selon un rapport 2005 des investissements directs étrangers rapporté par le conférencier, est de l'ordre de 0,34 (contre 0,35 en 1995), loin du 0,95 pour les pays développés. Cette situation est exacerbée par le fait - et c'est la quatrième faiblesse - que les employeurs (surtout ceux des PME-PMI) ne considèrent pas la formation des employés comme un investissement. Très peu de chefs d'entreprises ont compris, d'après lui, que l'investissement dans la formation est devenu une condition indispensable pour accroître les compétences de leurs employés et assurer la prospérité économique de leurs affaires. Au cours de ce colloque, deux experts français et allemands ont exposé la situation de la Pme et la formation dans leur pays. « Il faut éviter de comparer ce qui n'est pas comparable », se sont exclamés des professeurs présents dans la salle.