Quatre ans après le crash du Boeing 737-500 de la compagnie Egyptair, le 7 mai 2002 plus exactement, à six kilomètres de l'aéroport de TunisCarthage avec à son bord 56 passagers dont 8 membres d'équipage, deux des trois Algériens faisant partie des 22 rescapés ne cessent de revendiquer, en vain, des indemnisations pour les préjudices moral et physique causés par ce tragique accident et dénoncent « la médiocrité de la prise en charge médicale durant les heures qui ont suivi ce drame ». Quatre ans après, encore traumatisés malgré une prise en charge psychologique immédiate, Mlle Samia Ghimouz et son frère Rafik n'arrivent toujours pas à oublier le crash, ni d'ailleurs la manière avec laquelle leur dossier a été traité par la société égyptienne des assurances. Prenant attache avec notre bureau, Mlle Ghimouz a décidé de concert avec son frère d'exhumer cette affaire pour tenter d'obtenir ce qu'ils estiment être « un droit légitime » et dénoncer le « deux poids, deux mesures des assurances égyptiennes ». Ayant difficilement surmonté leur peur de l'avion, ces deux survivants se sont rendus, en mai 2005, en Egypte pour essayer de régler le problème des indemnisations, mais ils sont rentrés, un mois après, bredouilles, selon les affirmations de Mlle Ghimouz. De retour en Algérie, Mlle Ghimouz est contactée, 20 jours après, par téléphone, par un responsable de la compagnie des assurances égyptiennes qui lui a affirmé que « les compensations sont accordées dans un délai n'excédant pas deux ans après l'accident. Donc nous n'y avions plus droit mon frère et moi. Il nous a néanmoins proposé une somme insignifiante, qui ne couvre même pas les frais de notre précédent voyage et que nous nous sommes empressés de refuser. Pourtant, les autres rescapés, des étrangers, ont reçu d'importantes indemnités ». Il est vrai que ces deux survivants algériens n'ont entrepris aucune démarche officielle durant les mois ayant suivi le crash, puisque Mlle Ghimouz devait avant tout faire le deuil de la perte de son mari et celle de ses jumeaux. Trois tragédies survenues à quelques heures d'intervalle. Partie début mai 2002 en compagnie de son frère en Egypte, pour le suivi médical d'une grossesse gémellaire, Mlle Ghimouz apprend cinq jours à peine après leur arrivée que son mari avait fait un mortel accident de la route. Le choc de cette terrible nouvelle lui provoqua alors un avortement. Pour rentrer au pays, frère et sœur avaient cherché à embarquer sur n'importe quel vol à destination d'Alger. Le sort a voulu que ce soit le Boeing 737-500 de la compagnie Egyptair, transitant par la Tunisie. Avec émotion, Mlle Ghimouz nous a raconté comment les quelques rescapés de ce vol ont été secourus à dos de... cheval avant d'être acheminés vers un hôpital situé loin de la ville. « Nous avons été pris en charge par des internes. Ils nous ont fait subir certains examens et ont affirmé que nous n'avions rien du tout. Pourtant, j'avais des céphalées atroces. J'ai eu droit à 3 scanners sans aucune explication. Nous avons par la suite quitté cet hôpital, sans rien, sans vêtements ni argent. Je me suis rendue dans une clinique privée pour qu'on me soulage de mes céphalées, mais on n'arrêtait pas de me dire que je n'avais rien, alors qu'en plus du traumatisme causé par le crash, j'avais appris le décès de mon mari et j'avais perdu mes jumeaux. Et ce qui m'a aussi fait beaucoup de peine, c'est d'être arrivée en Algérie treize jours après son enterrement. » Aujourd'hui, ces rescapés veulent que leur dossier soit sérieusement pris en charge par les autorités égyptiennes pour obtenir de vraies compensations, « justes et équitables », au même titre que les autres rescapés du vol d'Egyptair.