Un projet destiné à déverser l'eau de la mer Rouge dans la mer Morte, menacée d'assèchement et permettant d'approvisionner Israël, les Palestiniens et la Jordanie en eau désalinisée, suscite la colère des écologistes, mettant en avant ses conséquences néfastes sur l'environnement. Selon eux, le projet «Mer Rouge-mer Morte» pourrait altérer de façon durable l'écosystème unique de la mer Morte, point le plus bas de la planète qui menace d'être totalement asséchée d'ici 2050. Cette semaine à Amman, le Premier ministre jordanien, Abdallah Nsour, a annoncé que son gouvernement avait approuvé la construction d'une «première phase» d'un projet chiffré à 980 millions de dollars et permettant de fournir 100 millions de mètres cubes d'eau par an à son pays. Le projet prévoit de puiser l'eau de la mer Rouge à partir du golfe d'Aqaba (sud de la Jordanie), avant d'être désalinisée dans une usine proche. «L'eau désalinisée alimentera la ville d'Aqaba, et l'eau salée sera pompée vers la mer Morte», a détaillé M. Nsour. Début juillet, son niveau était de 427,13 m en-dessous du niveau de la mer, soit près de 27 m de moins qu'en 1977, selon les dernières données officielles israéliennes. Avec le projet présenté par la Jordanie, la plupart de l'eau désalinisée ira au royaume hachémite et des quantités moindres seront transférées vers Israël et l'Autorité palestinienne. Mais l'ONG Friends of the Earth Middle East (FoEME) et d'autres associations écologistes ont appelé les trois gouvernements à rejeter ce projet, soulignant ses risques pour l'environnement. Selon elles, le fait d'y déverser une trop grande quantité d'eau de la mer Rouge pourrait radicalement modifier la composition chimique unique de la mer Morte, formant des cristaux de gypse et introduisant des éclosions d'algues rouges. Côté palestinien, le projet soulève des oppositions plus politiques, l'Autorité palestinienne exigeant un accès élargi à la mer Morte, afin d'y développer ses propres projets en Cisjordanie, occupée par Israël. La FoEME a appelé les gouvernements concernés à mettre plutôt en place une combinaison de mesures comprenant recyclage et préservation de l'eau, réhabilitation du bas Jourdain et même importation d'eau de Turquie, une des trois options actuellement étudiées par la Banque mondiale pour diminuer le coût financier et l'impact environnemental présentés par le projet «Mer Rouge-mer Morte».