François Hollande n'a pas encore trouvé la bonne formule pour s'extraire du bourbier syrien. Le président français peine à trouver des alliés au sein de l'Europe et parmi les pays du G20 qui accepteraient de se coaliser pour conduire une «frappe militaire punitive» commune contre le régime de Damas. Paris (France). De notre correspondant Malgré les efforts diplomatiques du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et les «preuves» apportées par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, selon lesquelles le régime de Bachar Al Assad a bel et bien utilisé les armes chimiques le 21 août dernier, force est de constater que la France demeure toujours isolée sur le plan international. Hier, un autre coup dur est venu d'Herman Van Rompuy. Le président du Conseil européen a estimé qu'«il n'y avait pas de place à une solution militaire» en Syrie et que «seule une solution politique peut arrêter les massacres, les violations des droits de l'homme et la destruction» de ce pays. Une déclaration de plus qui a fragilisé davantage François Hollande, obligé de se rendre compte qu'il a «dégainé» plus vite que son ombre dans cette affaire syrienne. Au jour d'aujourd'hui, seuls les Etats-Unis ont clairement annoncé qu'ils frapperaient le régime syrien. Mais encore faut-il que le Congrès, qui se réunira lundi, donne son accord. En Europe, la chancelière allemande, Angela Merkel, serait certes «convaincue» de l'implication du régime syrien dans l'utilisation des armes chimiques, mais elle s'est dite «pas prête» à engager son pays dans une action militaire. Le moment est même délicat pour elle puisqu'il intervient à quelques jours seulement des élections législatives, prévues le 22 septembre. Mme Merkel sait qu'elle joue son avenir politique. Pour faire bonne figure, elle a demandé à ce que «l'ONU fournisse des preuves» le plus vite possible, tout en plaidant, en même temps, pour une solution politique. La position de la Russie n'apporte pas non plus de l'eau au «moulin» de Hollande. Bien au contraire, Moscou veut des preuves «tangibles» de l'ONU qui démontreraient que Bachar Al Assad a utilisé des armes chimiques lors du bombardement du quartier de la Ghouta, dans la périphérie de Damas. Quant à la Turquie, l'Arabie Saoudite et les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), une intervention militaire en Syrie risquerait d'avoir un «impact extrêmement négatif» sur l'économie mondiale. Et ce n'est pas le moment de prendre ce risque. Isolé donc sur le plan international ? Hollande l'est à coup sûr. Même sur le plan interne, il n'échappe pas à cette posture puisque plusieurs partis de l'opposition, comme l'Union pour une majorité populaire (UMP) et l'Union des démocrates et des indépendants (UDI) dirigé par Jean-Louis Borloo ainsi que le parti communiste, ont clairement exprimé leur opposition à une intervention militaire contre la Syrie. Tous exigent au préalable une résolution des Nations unies, comme ce fut le cas pour le Mali, où l'intervention a eu un franc succès, car «justement soutenue par l'ensemble des partis politiques français», avait assuré mercredi dernier Jean-Louis Borloo. Pour sa part, le chef du groupe parlementaire de l'UMP, Christian Jacob, a accusé Hollande d'avoir précipité la France dans un «tunnel diplomatique» et de l'avoir affaiblie sur le plan international. Ira-t-il seul ou n'ira-t-il pas ? La réponse pourrait se trouver finalement du côté de Washington.