Nichée entre le quartier de Sidi Mabrouk et celui de Daksi, la cité populeuse les Frères Abbes, plus connue par Oued El Had, étale ses tentacules jusqu'à la rivière de Sarkina. Construit dans les années 1960, le quartier sera pendant longtemps comme le furoncle de Constantine où il n'était pas bon de s'y rendre et encore moins de s'y promener. La cité manquait des commodités les plus élémentaires. Aujourd'hui, les choses ont évolué. Les habitants se sont lancés à fond dans le commerce de tout genre, qu'il soit licite ou illicite. L'informel s'y est tout de même taillé la part du lion, à telle enseigne que les vendeurs se sont accaparé de larges espaces à l'intérieur de la cité comme c'est le cas à la rue Bouchair Mohamed où des dizaines de vendeurs ambulants de fruits et légumes se sont installés depuis des lustres. Mais aussi tout le long de l'artère principale, située à proximité du boulevard de l'ALN dénommée jusqu'à aujourd'hui rue A, où une multitude de marchands proposant de la friperie, des produits électroménagers et même des produits périssables telle de la viande d'origine douteuse vendue sur des étals de fortune (le quartier étant connu pour abriter des abattoirs clandestins), y élisent domicile chaque après-midi. L'insécurité, les nuisances sonores provoquées par le tapage des vendeurs, jusqu'aux trottoirs squattés par les commerçants, sont autant de désagréments dénoncés par les riverains. Des associations représentant ces derniers expriment à ce titre leur ras-le-bol et s'indignent, en outre, parce que rien n'a été fait pour leur quartier en matière d'aménagement urbain, et ce, malgré les nombreuses démarches entreprises auprès des services de l'APC. Ils sont unanimes à déplorer la saleté et le laisser-aller dans lequel la cité les Frères Abbes est confinée. En effet, à l'entrée de la cité l'on est surpris par la présence d'une décharge d'ordures construite en dur débordant jusque dans les alentours. Et au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans le quartier, l'on fait le même constat pour toutes les niches à ordures installées par les services de la commune dans la cité, lesquelles n'arrivent pas à contenir tous les détritus qui s'accumulent tous les jours. De plus les agents communaux chargés de l'entretien de la cité se contentent de balayer uniquement l'artère principale bordant le marché informel. La situation est plus critique encore puisque la quasi-totalité des bouches d'égout est dépourvue de couvercle. Ces derniers ont tout bonnement disparu et les égouts sont obstrués par les amas de pierres ou les sacs d'ordures. Les eaux usées d'où émanent des odeurs nauséabondes coulent le long des voies donnant au quartier constitué d'un enchevêtrement de petites bâtisses collées les unes aux autres, des allures d'une immense favela. Les représentants des associations de quartier évoquent également les travaux de réfection de la chaussée qui durent dans leur cité depuis des lustres. Les nids de poule et les crevasses sont depuis longtemps un calvaire pour les piétons et les automobilistes. Et ce ne sont pas les rafistolages occasionnels qui vont résoudre les problèmes de bitume et de trottoirs défoncés. Un habitant du quartier nous dira, à ce propos : «Tous les travaux entamés ne font qu'enfoncer la cité un peu plus dans la clochardisation. Les entrepreneurs ne font que du replâtrage pour toucher leur dû et repartir illico vers d'autres projets alors que les travaux réalisés à Oued el Had ne durent que quelques mois, car avec la saison des pluies les couches de bitume sont emportées par les eaux et la boue reprend ses droits.» En tout état de cause les représentants des habitants, outre le manque d'hygiène qui demeure leur principale préoccupation, lancent un appel aux pouvoirs publics pour prendre des mesures afin d'éradiquer les deux marchés informels qui se sont installés dans leur cité ou du moins les délocaliser comme ce fut le cas pour les marchés de la cité El Bir et Daksi.