En 1973, les instances de l'Eglise catholique créent le Secrétariat pour la rencontre avec les musulmans, qui deviendra le Service des relations avec l'Islam (SRI). Quarante ans après, quel bilan peut-on faire de cette structure de dialogue ? Lyon. De notre correspondant
Le dialogue interreligieux a été initié dans les années 1960, après le concile Vatican II qui revivifia l'Eglise catholique mondiale et modernisa ses pratiques, notamment dans les échanges avec les autres religions. En France, pour l'Eglise protestante, le dialogue fut initié en 1971. Pour les catholiques, en 1973. Célébrant les 40 ans du Service des relations avec l'islam (SRI), Mgr Michel Dubost, évêque d'Evry-Corbeil-Essonnes et président du Conseil pour les relations interreligieuses et les nouveaux courants religieux, réaffirme l'urgence du débat, ouvert depuis plusieurs décennies. Le père Christian Roucou, directeur du SRI, explique, dans un texte publié dans la lettre spéciale éditée à l'occasion du 40e anniversaire, qu'«en temps de crise, le défi spirituel pour le dialogue islamo-chrétien n'est-il pas aussi d'inscrire l'espérance dans l'histoire des sociétés et des peuples ici, mais aussi sur chacune des rives de la Méditerranée ?» Pour cela, estime-t-il, il faut «oser affronter ensemble obstacles et difficultés». Notamment dans un pays où les thèses d'extrême-droite sur l'islamisation de la société, sur la nostalgie de l'Algérie française, se retrouvent en un face-à-face complexe. L'antidote existe, pense-t-il : «D'abord en conjuguant le pluriel à tous les étages et en évitant simplisme et caricature de l'autre. Ensuite en prenant le temps de rencontrer les hommes et femmes de l'autre tradition.» Le père Henri de la Hougue, directeur de l'Institut de sciences et théologie des religions de Paris, est optimiste : «Il n'y a jamais eu, au cours de l'histoire, autant de rencontres islamo-chrétiennes pacifiques que ces dernières décennies.» Pourtant, constate-t-il, «les tensions politico-religieuses internationales, dont les médias rendent quotidiennement compte, pèsent lourdement sur la sérénité des débats». Pour l'imam de Bordeaux, Tarik Oubrou, qui publie un livre de dialogues avec Christian Roucou (éditions Bayard 2013), «personne n'avait vraiment prévu et anticipé la présence durable de l'islam en France». «Il ne faut pas avoir peur de découvrir la part de vérité de l'autre», conclut-il. A Lyon, le chemin de la relation se tisse. En décembre se déroulera la troisième édition du Forum islamo-chrétien que chapeautent l'imam de Villeurbanne, Azzedine Gaci, et Vincent Feroldi, délégué diocésain aux relations avec les musulmans. Le thème sera «La question de la transmission de la foi et des valeurs au sein de la famille, de l'école et dans l'église». Enfin, Samuel Grzybowski, du groupe Coexister (juif, chrétien et musulman), estime que «l'amitié islamo-chrétienne est une arme de construction pour le vivre-ensemble et la coexistence active».