Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), qui a réuni, hier à Alger, son conseil national, a procédé à l'éviction des « instances dirigeantes » de deux coordinateurs nationaux adjoints, à savoir Farid Cherbal, chargé de la région Centre, et de Mustapha Mechab, responsable de la région Ouest. Sur la liste des responsables remerciés figure également le secrétaire national chargé de l'information, Arezki Derguini. Ils ont été remplacés par, respectivement, Khaled Mokhtari (Es Sénia, Oran), Abdelmalek Rahmani (Tizi Ouzou) et H'mida Bouzred (CU Skikda). Nous regrettons que les deux coordinateurs régionaux aient induit en erreur l'opinion publique et la communauté universitaire en se substituant à la direction nationale du syndicat. Ainsi, ils ne font plus partie du conseil national suite à une décision prise aujourd'hui par le conseil national », a déclaré Ali Boukaroura, coordinateur national du CNES, dans une conférence de presse qu'il a animée, hier, à Alger. M. Boukaroura a ajouté que les trois syndicalistes « seront libres de rester en tant que membres de la base du CNES ». Cette décision, révèle le conférencier, a été prise par « le conseil de discipline du CNES et entérinée par l'écrasante majorité des membres du conseil national présents aujourd'hui à cette rencontre extraordinaire ». « Sur les 39 sections CNES que compte le syndicat, 26 ont émargé dans la liste des présents. Le quorum est donc largement atteint », a-t-il souligné. Contesté par les sections « grévistes », qui constituent l'ossature des coordinations centre et ouest du pays, Ali Boukaroura devait encore donner des explications. « Ils ont fait preuve d'indiscipline flagrante, en faisant fi des recommandations du dernier conseil national, tenu le 11 mai 2005 », dit-il. De rappeler qu'à cette date, « la coordination nationale, mandatée par les 2/3 du CN, a pris la décision de respecter une décision de justice, rendant illégale la grève des enseignants du supérieur ». « C'est vrai qu'on allait au débrayage (ndlr : grève d'une semaine d'évaluation du 13 au 20 mai courant), mais dès que la justice a tranché. Ainsi, il était du devoir du CNES de respecter une décision de justice. Nous sommes respectueux des lois de la République », a-t-il soutenu, condamnant toutefois « l'instrumentalisation de la justice pour mater une revendication juste et légitime ». Evoquant le cas du secrétaire national à l'information, Arezki Derguini, Ali Boukaroura estime que celui-ci a « failli dans sa mission de communiquer ». Pour ce qui est des syndicalistes suspendus récemment par les rectorats de Sidi Bel Abbès et de Constantine en raison de leur engagement dans la grève du supérieur, Ali Boukaroura ajoute : « Nous en faisons une priorité absolue. Le CNES fera tout pour les réhabiliter dans leur poste de travail même s'ils ont choisi de ne pas se conformer au cadre légal du CNES », dit-il. A la tête du mouvement de grève (non cautionnée par la coordination nationale) dans la région Centre, Farid Cherbal estime que son éviction est « illégale ». « Je préfère dire que c'est Ali Boukaroura qui en est derrière. En tout cas cette décision ne répond pas aux statuts du CNES. Je dois souligner aussi que la session du conseil national du 11 mai dernier a été suspendue et n'a toujours pas repris », a-t-il déclaré à El Watan. Et d'ajouter : « La priorité aujourd'hui c'est d'appliquer sur le terrain les décisions prises par les assemblées générales des sections (CNES) locales. Entre autres, le blocage des examens afin d'obliger les pouvoirs publics à répondre à nos revendications, dont la revalorisation salariale, le statut de l'enseignant, le logement, etc. »